Mille livres en tête

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Nos coeurs en chute libre / Valentine STERGANN

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« N’oublie pas que tu es bien plus qu’un corps, qu’un visage. Tu es une âme, un rire, un sourire. Oui, tu es bien plus qu’une apparence »

 

C’est avec « Start again » que j’avais découvert cette talentueuse auteure qu’est Valentine STERGANN et c’est avec des thèmes forts qu’elle se fait une nouvelle place dans nos PAL ou bibliothèques. Connaissant l’auteure, et ne lisant quasiment plus en numérique, c’est sous format papier que « Nos cœurs en chute libre » a rejoint le précédent Hugo Poche et les deux Hugo New Way que j’avais déjà lus d’elle.

 

A l’heure des congés d’été, ce roman a, en apparence, tout d’une romance estivale mais attention à ne pas s’y tromper, c’est bien plus que ça puisque Valentine STERGANN aborde des sujets forts et qui donnent à réfléchir. Je n’ai pas pu faire autrement que m’identifier, en partie, à Félicie, jeune femme de 29 ans en surpoids, employée dans un centre des impôts à Dijon et qui s’apprête à partir en vacances en Corse, avec sa meilleure amie Gladys et la bande de potes de celle-ci, la Team Rocket – Léa, Joséphine, Pierre, Mika et Léo - avec qui elle n’a pas grand-chose en commun.

 

Sauf que lorsque le projet Corse tombe à l’eau à la veille de partir, c’est dans un camping des Gorges du Verdon que la semaine de vacances se passera finalement. Qui dit camping, dit risque d’imprévus. Et cette année, il y en aura un de taille, en la personne de Carlo, l’ex de Félicie et d’un invité de dernière minute, Andrès, prof de sport dans un lycée à Saint-Brieuc. Un mobil-home prévu pour 7, 9 vacanciers enregistrés et donc… une tente à monter en plus. Mais qui aura la malchance de renoncer au confort ? Félicie et Andrès, bien sûr ! Bienvenue au camping et que les vacances commencent !

 

« Je n’aime pas les aventures, moi. J’aime quand c’est calme et réglé comme du papier à musique »

 

C’est sur une base qui sent bon l’insouciance que l’auteure a posé le décor de son histoire : les vacances en camping entre copains. Ce qui normalement doit aboutir sur de beaux souvenirs. Sauf qu’ici, la bande de potes n’est pas celle de Félicie, elle va devoir se coltiner son ex et pour boucler la boucle, elle qui souffre depuis longtemps de surpoids et d’un grand manque de confiance en elle, va devoir partager une tente avec un bel inconnu blond au regard aussi intense qu’énigmatique. Mais si beaucoup de personnes se fient aux apparences seulement, attention à ce qu’elles ne soient pas trompeuses cette fois.

 

« Sartre avait tort. L’enfer, ce n’est pas les autres. L’enfer, c’est le camping »

 

Il n’y a rien que je n’ai pas aimé dans cette histoire qui envoie des messages forts et qui nous montre les choses telles qu’elles sont souvent dans la vie réelle. L’auteure ne fait pas l’impasse sur certaines situations, sur certaines paroles douloureuses qui ont pu être entendues, sur certains comportements ou préjugés et sur certains clichés qui ont la dent dure. Et je pense que toutes les lectrices s’accorderont à dire que Mr CHARMANT, Joséphine ou Pierre se partagent la palme d’or sur certains points.

 

A travers Félicie, cette jeune femme peu sûre d’elle, l’auteure a créé un personnage auquel beaucoup de lectrices pourront certainement s’identifier tellement elle colle avec une douloureuse réalité pour grand nombre de femmes ou de jeunes filles. Et j’avoue que j’ai été terriblement touchée et émue puisque, malheureusement, je fais partie de ce grand nombre depuis de nombreuses années.

 

Ce roman est en quelque sorte un bel hommage qui met en valeur la femme jusque dans ses imperfections. On ne va pas se mentir, s’habiller en T46 – ce qui est mon cas – est une très grosse imperfection – en tout cas pour moi -. Mais au-delà de ces imperfections, il y a quand même beaucoup d’autres choses et c’est ce que nous montre parfaitement l’auteure. Et le chemin est très long et compliqué pour mener à la confiance en soi et pour voir tout ce qui fait ce que nous sommes – le bon comme le mauvais – pour ne pas retenir que le négatif.

 

« J’ai compris que l’amour n’était peut-être pas fait pour moi. J’ai depuis longtemps fait une croix sur les grandes passions amoureuses, et une amitié améliorée, c’est déjà bien. Pas de grandes attentes, donc pas de grandes déceptions »

 

Même si le problème du surpoids de Félicie est beaucoup évoqué – ce qui est légitime -, je n’ai ressenti aucune lourdeur dans ma lecture et je me suis beaucoup attachée à cette jeune femme qui souffre, certes, mais qui a tellement de qualités. Elle a une passion pour le dessin et la couture et l’auteure sait nous les transmettre en jouant sur la différence qui devient une vraie force au fil des chapitres.

 

« Au-delà du regard que posent les autres sur moi, c’est surtout le mien qui m’empêche d’avancer »

 

Alors, c’est vrai que certaines scènes ou répliques peuvent sembler pousser dans un excès qui interpelle mais pour qui souffre de la même façon que Félicie, ça n’a rien d’anormal, ni de surjoué. Il faut le vivre pour la comprendre, tout simplement.

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Et c’est flagrant au contact d’Andrès, cet inconnu qui débarque et qui semble s’intéresser à elle de manière assez étrange.  Malgré certains moments où on a du mal à le cerner, j’ai adoré ce personnage. Il se dégage de lui une certaine touche de mystère. Et plus l’histoire avance, plus il s’ouvre et se montre à nous sous son vrai visage, tellement loin de ce qu’on aurait pu imaginer au départ. Et j’ai aimé le découvrir si touchant, découvrir sa belle personnalité, son très beau sens de la répartie, découvrir que lui aussi peut avoir une faiblesse cachée et j’ai adoré tout ce qu’il pouvait exprimer au travers de ses regards, de ses gestes, de ses attentions envers Félicie et de ses paroles. Bref, un personnage tellement bien construit !

 

« Tu es flippant, tu comprends ? On ne se connaît pas, toi et moi, tu n’as pas à me scruter comme un psychopathe qui s’apprête à tuer quelqu’un. Je suis à deux doigts de préférer dormir sous cet arbre plutôt qu’avec toi »

 

Cette histoire étant classée en New Romance, on ne peut pas ne pas parler de la romance justement. L’histoire se déroulant sur une semaine, le risque était de me trouver face à une évolution accélérée où tout serait plié en deux temps, trois mouvements. Alors oui, vu le laps de temps, autant dire qu’il n’y a pas matière à tourner autour du pot mais quand même... J’ai aimé que l’attirance qui va s’installer et que la tension qui va naître soient amenées autrement qu’en se sautant dessus.

Grâce à Andrès, la romance s’installe doucement, tout en tendresse et en patience. Il est beaucoup question des peurs de Félicie, des doutes qu’elle peut avoir envers la sincérité de cet homme trop beau pour qu’il s’intéresse réellement à elle et pour le coup rien ne se fait dans la précipitation. J’ai vraiment aimé cet aspect qui apporte une touche très romantique, une notion de respect, d’écoute et de partage qui agissent un peu comme un baume réparateur qui prend son temps pour agir mais qui agit de manière saine et efficace. Les attentions, les paroles, les regards, la persévérance, les petits moments à deux, la douceur et la confiance de se dévoiler à son tour font d’Andrès l’homme dont on rêverait toutes. Le seul bémol qui se pose : qu’adviendra-t-il de tout ça après les vacances ?

 

« Tous les hommes ne sont pas des connards en puissance. Ce n’est pas parce que tu as un jour tiré le mauvais numéro que tu ne peux plus tenter ta chance au loto »

 

N'étant pas une adepte de camping – pour ne pas dire que je déteste ne serait-ce que l’idée -, je ne saurais dire si l’auteure a respecté les codes essentiels. Toujours est-il qu’elle a su transmettre et faire ressentir le côté vacances avec un joli dépaysement dans ce si beau coin de France.

 

Un gros point positif est quand même à souligner : c’est la diversité des personnages secondaires qui sont si différents et qui font la force de cette histoire. Ils nous montrent que la vie n’est pas toute rose ou toute noire, mais qu’elle est très souvent nuancée. Et malgré des thèmes forts évoqués, il y a beaucoup de légèreté et d’humour apportés par cette bande d’amis souvent drôle notamment dans les dialogues et dans certaines scènes. Ça permet d’atténuer certains passages pour lesquels j’ai plusieurs fois eu envie de baffer certains personnages.

 

« Personne n’a jamais dit qu’on ne pouvait pas aimer les asperges et les choux-fleurs, d’accord ? Ça n’a rien d’incompatible, crois-moi. Le principal, c’est que les légumes, c’est super bon pour la santé, compris ? »

 

C’est donc une histoire qui véhicule tellement de magnifiques messages et émotions que signe-là Valentine STERGANN pour le plus grand bonheur des lectrices qui affectionnent son style et sa plume.

Auteure qui n’hésite pas à s’approprier avec beaucoup de talent des thèmes parfois difficiles, très peu explorés dans ce genre littéraire et qui fait naître en nous des émotions vraies et tellement intenses, elle est une valeur sûre tant dans son statut d’auteure éditée en maison d’édition et que dans celui d’auto-éditée.

Si vous ne la connaissez pas encore, je vous invite à la découvrir sans tarder ; ce serait dommage de passer à côté de ce qu’elle est capable d’apporter à la lectrice qui croise un jour son chemin. Alors très belle lecture !



13/08/2022
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