Mille livres en tête

Mille livres en tête

Paris by Night / Robyne Max CHAVALAN

Leurs nuits blanches sont leurs jours,

et leurs jours sombres leurs nuits !

 

Lorsque j’ai découvert ce titre, l’univers de ce  monde fait de lumières et de paillettes en contraste avec la noirceur de la nuit dans laquelle il évolue m’a tout de suite attirée. Et je remercie Célia de chez Fyctia de m’avoir fait entrer par la grande porte de ce cabaret ô combien mystérieux et envoûtant.

 

Lorsqu'un mystérieux inconnu assiste, chaque soir depuis un mois, au show du Night Birds, ça intrigue, voire même plus, ça excite les sens de ces belles-de-nuit. Et une en particulier : Mystic Circée alias Paris.

 

« IL est encore là ! C’est pas vrai, j’y crois pas »

 

Comme un papillon attiré par la lumière,  Paris doit faire face à une attraction, pour LUI, qu'elle ne s'explique pas. Et quand je parle d'attraction, ce n'est pas qu'un peu ; c'est carrément la combustion interne et externe. Qu'il soit présent ou non, c'est une véritable obsession. Et lorsqu'il va lui proposer de jouer au jeu des 5 sens, aucune hésitation ne s'emparera d'elle.

 

« IL hante mon sommeil et peuple mes songes. L’Homme. »

 

Car Paris est une femme de caractère qui manie très bien l'art de la séduction. Image même du fantasme et du désir, elle est belle, désirable et sensuelle sous son identité nocturne déguisée. Avec un vécu de poids et une certaine obscurité en elle, elle a ce côté perspicace qui fait qu'elle peut difficilement être "menée en bateau" ou abusée. Elle accepte le jeu d'Adam tout en voulant aussi mener la danse et poser ses conditions. Elle va osciller entre excitation, trouble et attirance incontrôlable. Tous ces ressentis permettent de voir éclore de très belles scènes toutes en sensualité et en beauté d'expressions corporelles. Je ne parlerai pas d'érotisme pur mais d’érotisme doux puisque tout est fait pour ne jamais tomber dans des scènes franchissant la limite.

 

« Elle vient de me mettre à genoux et je ne l’en admire que plus »

 

Face à elle, il y a Adam : L'Homme, Lui, Il ou quel que soit son nom (mais si bien sûr il a un nom ?) est déstabilisant. Énigmatique, arrogant, sûr de lui, il sait pourtant se montrer gentleman mais aussi un peu connard parfois. Véritable Maître des Sens aux activités peu communes – il est ingénieur mais pas que…), il souffre d’hyperesthésie. Paris est son obsession et il l’a choisie pour jouer à un jeu qu'on pourrait qualifier de malsain voire machiavélique tant qu'on n'en connait pas les tenants et les aboutissants. Très calculateur, il a tout bien préparé mais..... vous n'en saurez pas plus. Sauf qu'il a un allié de taille : David, son médecin et ami qui le connaît mieux que personne et dont on évalue progressivement toute l'importance dans sa vie passée et présente. Et c'est à ce moment-là de ma chronique que je me dis "comment ne pas spoiler" ? Bah je vais faire au mieux ?

 

« J’ai tout imaginé avec elle. Le plus sage comme le plus osé. Et surtout l’interdit »

 

Alors, réellement cinq nuits, ni plus ni moins ?

Et cette relation aura-t-elle réellement une date de péremption ?

 

Cette lecture a été une belle découverte et un bon moment pour moi. Immergée dans ce monde qui fascine autant qu’il peut effrayer, je me suis vraiment « régalée ». De temps en temps, ce type de lecture fait du bien ; il sort un peu des codes habituels avec une romance qui dénote par rapport aux standards classiques de l’homme riche à qui tout réussi et qui jette son dévolu sur la jeune fille peu expérimentée, romantique au possible et naïve.

 

L'univers choisi pour cette histoire et son déroulement sont très judicieux. Sur le thème des 5 sens et d'une prise de revanche, il permet à l'auteure de mener, avec brio, tout son petit monde entre nuit et jour, dans un climat latent de luxure et de passion. Et de développer ainsi une certaine tension psychologique et émotionnelle qui révèlent des facettes tour à tour sombres, touchantes, mystérieuses et tellement complexes. Traité tout en sensualité, on ne peut être indifférent(e) car ça nous permet de nous positionner sur les limites, en amour, à ne pas dépasser. Au risque qu’il n’y ait aucun retour possible en arrière, avec des séquelles irréversibles. La vie n’est pas une partie de poker, aucun bluff n’est possible !

 

Cette histoire nous propose peu de personnages mais quels personnages ! Ils nous portent tous d'un bout à l'autre de cette intrigue qui est difficile à classer. Ce que j’ai particulièrement apprécié c’est qu’aucun d’eux ne semble hésiter ; seule Paris se pose parfois des questions mais je n’ai pas eu le sentiment que son personnage était, comme souvent, une « girouette émotionnelle ». Qui agace parfois ! Et qu’au jeu de qui croyait prendre, il ne faudrait pas grand-chose pour frôler le retournement de situation. Surtout lorsque arrive le dernier sens, la vue, là on se dit c'est quitte ou double. Jeu risqué et très dangereux pour faire tomber les masques. Entre les regrets du passé et les espoirs pour l'avenir, il n'y a pas de place pour le présent. Au risque de s'en mordre les doigts ou de se rendre à l’évidence.

 

« J’aurais dû me douter que Paris bouleverserait tous mes plans si soigneusement organisés »

 

Contrairement à ma façon de lire habituelle, arrivée à un certain stade, je me suis surprise à me dire « Mais je n’ai rien ressenti pour les personnages ». C’est un sentiment bizarre car en général, je m’attache de suite (ou non) aux personnages en ressentant un petit quelque chose pour eux. Et bien là, rien. Alors, qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit. C’est juste que j’étais tellement prise dans le processus de l’histoire, que je n’ai pas ressenti quoi que ce soit, jusqu’à un moment précis. Mais à ce moment-là, effectivement, mes sentiments ont enfin éclos. Lorsque les zones d’ombre se sont estompées et que la pleine lumière a été faite sur le passé de chacun, là il s’est passé quelque chose ; comme une évidence. Surtout lorsque je pensais avoir tout découvert et que l’auteure décide de me faire prendre conscience que j’ai été leurrée jusqu’au bout. Sacrée imagination, dirais-je mais ô combien touchante. Bravo !

 

Dans cette histoire écrite à deux voix, ce que j’aime particulièrement, il m’a manqué un petit quelque chose qui lui aurait donné encore plus de profondeur. Et qui m’aurait certainement permis de mieux m’approprier les personnages et leurs personnalités, ce sont des flash-backs que j’aurais aimé pour évoquer leur passé respectif. Il n’en aurait pas fallu beaucoup mais ça aurait été un petit plus non négligeable. Bien sûr, ça ce n’est qu’un avis purement personnel. Car l’auteure ne nous cache rien de l’histoire d’Adam et de Paris, que ce sont des personnages malmenés par une vie passée qui a laissé des traces ; on en sait suffisamment et assez tôt pour que ça ne gêne en rien la lecture et pour ne pas avoir à parler de frustration.

 

Pour ce roman qui est parfaitement bien écrit grâce à un travail précis de recherches poussées sur les thèmes particuliers abordés, le coup de cœur est là et bien là, même si honnêtement, il est plus petit que la normale à cause d’un petit quelque chose qui m’a fait défaut. Il m’a tout de même permis de changer d’univers, de sortir de ma zone de confort avec des thèmes vrais et forts. Et de découvrir la plume de l’auteure au travers des magnifiques poèmes d’Adam. Alors rien que pour ça, merci à Robyne Max Chavalan !

 

« C’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière »

Edmond ROSTAND

 



23/02/2019
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