Promesse tenue - T.2 / Sur la route - Erika BOYER
Pour Danny, le bilan est un peu amer et sans appel : un an après le départ de Sandy et malgré une promesse de retour, il n'est pas revenu et elle n'a plus de nouvelles de lui hormis celles que Clément lui donne parfois. Mais les sentiments de la jeune femme sont intacts malgré les embûches dont a été semé le chemin de leur histoire passée et la séparation dont elle est responsable. Les trahissons subies sont toujours bien présentes, la rancœur commence à s'installer et l'espoir semble s'amenuiser.
"Je suis une femme qui se respecte, je considère que je n'ai pas à lui courir après alors qu'il a promis de revenir. Pour une fois dans sa vie, il doit tenir ses foutues promesses"
A 3 jours de la date anniversaire, il se pourrait donc qu'il soit temps de prendre, elle aussi, la route pour retrouver ce que la vie voudra bien lui donner : une réponse sur son passé et sa famille et/ou pourquoi pas, Sandy. Et surtout pour couper ces liens qui, tels des chaînes, la retiennent prisonnière. Peu importe ce qui l'attend : elle doit s'éloigner de Lège-Cap-Ferret. Sa vie doit continuer mais sur les routes de France. Avec ou sans Sandy, elle accomplira cette quête.
"Je suis en train de mourir ici, et moi,je ne veux pas crever. J'ai bien trop de choses à voir, bien trop de choses à vivre"
Danny aura-t-elle la force d’aller au bout de cette quête de ses origines ?
Est-ce qu’une année de séparation aura mis un terme à son histoire en pause ou consolidera-t-elle ce qui pourrait être tout simplement une évidence ?
Dans ce second tome de "Promesse tenue", c'est l'histoire de Danny qui s'ouvre à nous. Son passé proche, il y a à peine un peu plus d'un an, c'est dans l'histoire de Sandy que nous l'avons découvert. Mais de son passé plus lointain, celui qui a laissé la place à de douloureuses plaies émotionnelles, on ne sait rien ; et elle non plus. On connaît ses peurs, ses doutes, ses espoirs déçus, sa crainte d'être rejetée à nouveau et ce besoin de vérité qui l'anime. Rien de plus.
Elle se dévoile en toute simplicité et en toute sincérité ; sans faux-semblants qui pourraient entacher cette histoire qui s'annonce d'intensité égale à celle de Sandy, si ce n’est plus. Alors Erika a vraiment mis l'accent sur une description plus soutenue du pré-roadtrip. Ça peut apporter une certaine lenteur, au début, qui, je n'ai pas peur de le dire, m'a un peu effrayée. Comme l'impression de ne pas retrouver la même dynamique que le tome précédent. Mais c'est une histoire plus complexe sur laquelle le voile doit être levé et, au final certaines étapes ne peuvent être survolées donc je pense qu'il ne peut en être autrement.
« Je préfère me dire que je pars en vacances plutôt qu’en quête de mes origines. Mieux vaut éviter la déception »
Alors l'auteure ne nous malmène pas en faisant durer un suspens insoutenable sur la réapparition de Sandy ou non. Elle a apporté une continuité au premier tome, telle que je l'espérais. Une suite logique qui permet, d'une manière ou une autre, de les retrouver ensemble avec bonheur. Du temps a passé mais le temps a fait son oeuvre. Et on se rend compte que ce choix de l'auteure est bénéfique à ce tome. La maturité des personnages en sort renforcée malgré quelques contradictions qui persistent dans l'esprit de Danny. Elle qui a souffert, ça c'est clair en retombant, pendant un temps, dans ses travers mais qui a choisi de se relever et d'avancer. Elle boit et fume toujours mais à côté de ça, elle est plus en adéquation avec ses 27 ans. Malgré un passé, sans cesse ressassé, elle semble, tout simplement, prête à accepter son histoire ; quelle qu'en soit l'issue.
« Il faut au moins deux verres pour oublier ma tristesse, un de plus pour le manque que je vais ressentir et deux supplémentaires pour trouver le courage de ne surtout pas faire marche arrière. En fait, je crois que j’ai besoin d’une bouteille »
Dans ce road-trip à deux-roues sur les routes de France, l'auteure n'a pas oublié la belle bande d'ami(e)s lyonnais, trop brièvement côtoyée dans le 1er tome. A celle-ci ajoutée une mamie pas comme les autres au doux nom de Violette. Retrouver Clément a été un vrai bonheur ; toujours égal à lui-même mais avec une double dose d’émotion. Et c'est une belle équipe qui va se révéler être un vrai soutien pour Danny. Mais qui va apporter aussi son lot de sourires, d'émotions, de tristesse, d'espoir, de tensions et de mots parfois cruels. Un personnage du passé se rappellera tendrement à notre souvenir et j'ai vraiment aimé qu'Erika le fasse vivre au-delà du 1er tome. Et surtout, on a quelques explication sur la manière dont chacun a vécu "l'année test".
« Je veux lui confier combien je l’aime. On ne se dit pas assez ce genre de choses. On pense avoir le temps et puis, un jour, l’être aimé disparaît et nous laisse débordant de regrets. Je ne veux pas perdre un être cher sans avoir pu lui dire tout mon amour »
Contrairement au 1er tome qui, finalement, n'avait que pour quasi seul décor Lège-Cap-Ferret, c'est bien sur un circuit, à la quête du passé, que nous partons : du Rhône à l'Alsace puis la Corrèze et le Tarn pour finir dans les vignobles du Médoc. C'est une vraie invitation au voyage qui m'inspire une certaine poésie et une certaine légèreté. Dans le sens où, quand on sait sur quelle base se fait cette quête, il y a une certaine émotion qui ressort de tout ça. On est bien d'accord que je ne vous parle pas de tourisme là ! Mais bien de la base de l'histoire de Danny que vous découvrirez en lisant ce roman.
Tout au long de l'histoire, c'est avec honnêteté que Danny fera face à ses sentiments, à ses peurs, à ses attentes et à sa capacité ou non à rendre les armes pour que les démons du passé disparaissent. Ça ne sera pas toujours facile, il y aura bien quelques moments de faiblesse ou de doute au fur et à mesure que le puzzle de son passé prendra forme.
« Faire constamment semblant, ce n’est pas vivre vraiment et c’est surtout s’empêcher de ressentir pleinement, sans pour autant en souffrir moins »
Cette histoire est totalement différente de celle de Sandy ; leurs histoires de base étant vraiment différentes. Je serais même plus tentée de dire que l'histoire de Danny m'a encore plus emportée. Le cheminement est vraiment bien imaginé, les bases sont solides, certains événements inattendus qui m'ont surprise et l'auteure envoie un message fort : les liens du sang ne font pas les liens du cœur. L'ouverture d'esprit et la bienveillance sont toujours là mais avec un an de maturité en plus et des thèmes forts et poignants sont abordés avec, tout de même, une certaine retenue pour ne pas alourdir l’ensemble. Même si j'ai été surprise d'un certain choix de l'auteure, tout est magnifiquement écrit ; Erika BOYER a vraiment une créativité et une plume enchanteresses et touchantes.
J'ai laissé passer quelques jours avant de lire ce 2ème tome. Ai-je bien fait ? Ou aurais-je dû enchaîner tout de suite après le 1er ? Je n'aurais jamais la réponse à ces questions. Mais ce dont je suis sûre c'est que cette histoire était indispensable pour clôturer l'aventure romanesque de Sandy et Danny et pour que ces deux histoires puissent ne faire qu’une. C'est une promesse tenue de l'auteure qui signe là, une belle New Romance.
« L’amour, c’est la façon dont mes doigts glissent sur la peau chaude de Danny, la manière dont mes lèvres caressent l’intérieur de ses cuisses et comment mon cœur s’emballe à chacun de ses souffles, de ses tremblements, de ses gémissements. L’amour, c’est de ne plus entendre que sa voix, ne plus voir qu’elle, n’avoir ni faim, ni soif, ni sommeil, juste envie d’elle. L’amour, c’est tout ça et bien plus encore, et je comprends enfin pourquoi tant d’artistes aiment le chanter, l’écrire, le peindre…. »