Orion - T.1 & T.2 / Battista TARANTINI
Même si je ne suis pas une lectrice qui se jette, de manière systématique, sur le livre d'un auteur, dès sa sortie, il n'empêche que certaines auteures ont leur place dans ma bibliothèque. Et Battista TARANTINI en fait partie. Les couvertures de ses romans sont toujours magnifiques ! Hormis un livre sur lequel je n'avais pas accroché, je ne le lui ai pas caché, je pense tous les avoir. A chaque sortie, elle embarque ses lectrices dans un univers différent. M'a-t-elle convaincue cette fois ?
C'est dans le monde de la danse classique qu'elle nous invite pour un pas de danse en compagnie de Leonie KATS - dite Leo -, première ballerine de 23 ans à l'opéra de Sidney. Lorsqu'elle va être choisie par Orion ALTAY, célèbre chorégraphe français de 32 ans, enfant terrible de la danse et ancienne Etoile à l'opéra de Paris, tout ce pour quoi elle a tant travaillé va être remis en question.
Poussée dans des retranchements émouvants, ses certitudes vont être mises à mal et ce ne sera que le début d'un apprentissage qui verra naître une nouvelle étoile qui pourrait bien s'ouvrir enfin à la vie, à une vie qu'elle mérite mais pas forcément enviable.
« Ils croient voir Orion emprisonner Leo dans son royaume. Ils n’imaginent pas que Perséphone mène Hadès vers la lumière »
La danse classique pourrait bien se révéler pas si classique que ça au final. Et le comportement, assez peu conventionnel, de son professeur cachant, sous le prétexte d'un nouveau spectacle, des desseins qui ne laissent pas présager un happy end. Alors New Romance romantique, dramatique ou tragique ?
Que deviennent les étoiles lorsqu’elles ont cessé de briller?
Ces héros torturés auront-ils une chance de sortir des profondes ténèbres dans lesquelles ils s’immergent doucement ?
C'est sous forme de deux ballets en III actes chacun, que l'auteure fait évoluer, dans ces 2 tomes, ses personnages entre douleurs, sensualité et émotions. Même les entractes y sont prévus ; schéma intéressant comme pour permettre une pause.
Etant totalement novice dans cet univers, j'avoue qu'il m'a fallu un temps d'adaptation à l'ambiance et au langage artistique. Mais il a été assez court. Au-delà de l'aspect technique, c'est par l'atmosphère énigmatique que je me suis laissée portée par le 1er tome. Et comme un enchaînement parfait, je me suis surprise à parvenir à visualiser le spectacle qui se déroulait sous les mots de Battista.
Leo y est certainement pour beaucoup. La passion qu'elle a, depuis son plus jeune âge, l'a hissé au plus haut niveau. Elle est brillante et persévérante au point d'en oublier le reste. Pour elle, la douleur n'est pas une option pour être la meilleure. Et les artifices pour l'oublier ne sont pas anodins. Elle a encore beaucoup à prouver et rien ne peut l'arrêter.
« Etre parfait donne parfois l’illusion qu’on est heureux. Etre parfait ne sous-entend pas être vide »
Contrairement à elle, Orion a pleinement vécu une brillante carrière qui s'est achevée quelques années plus tôt. Même si sa vision de cet art est décriée, il a parcouru le monde pour mettre son talent à la disposition de nombreuses troupes. Ecorché vif, reconnu comme un des plus grands, il peut se permettre ce qui s'apparente à de l'excentricité, de l'égoïsme ou des caprices d'une star qui aimerait terminer en beauté. Mais quelque chose de plus profond pourrait bien se cacher derrière ce comportement atypique.
« Je finirai par obéir parce que je n’aime pas la voir triste comme ça. Il n’y a que quand je danse qu’elle sourit un peu. Alors je danse »
Après un 1er tome assez sédentaire, c’est un véritable voyage initiatique artistique, d'un genre vraiment très particulier, qui emmène Leo et Orion, dans le 2nd tome, de Sydney à Tokyo, puis New-York, Paris et Barcelone.
J'avoue que si l'ambiance un peu étrange de leur univers ne m'a pas dérangée dans le 1er tome, j'ai eu plus de mal pour la première moitié du 2ème. Après réflexion, ce n'est pas le caractère et le comportement déroutant d'Orion qui m'ont perturbé mais réellement le personnage du Maître japonais Hiro Neruji et de son univers. Comme une gêne et une impression de climat malsain s'est emparé de moi. Et le ressenti du 1er tome s'est malheureusement envolé. Neruji est vraiment un personnage important dans la vie d'Orion, qui respecte ses choix. Mais chacune de ses interventions ou de scènes dans son univers m'ont été difficiles à lire. Pourquoi ? Je suis incapable de l'expliquer de manière plus approfondie.
« Neruji a le don de voir en nous ce qui est sombre, ce qui nous fait souffrir. Ca le fascine, il va le chercher avec ceux qui le lui demandent et il en nourrit son œuvre »
Je pense aussi que je suis passée à côté de l'art de vivre à la japonaise et à côté de cet art qu'est le butõ, des jeux de cordes que je ne suis pas arrivée à visualiser autrement que comme une tristesse et une torture artistique plutôt que comme quelque chose de sensuel et beau à regarder.
Associé à l'histoire mythologique d'Hadès et Perséphone, dieu et déesse des enfers, le destin d'Orion et Leo se joue de manière aussi sombre que les ténèbres des enfers. Dans cette histoire, il y a plus de noirceur et de larmes que de rires. Et tels que les nombreux protagonistes, on est impuissant face à une fin où le paradis semble avoir définitivement perdu toute chance de trouver sa place.
« Je suis celle que je devais devenir dans ses bras »
C'est un sacré exercice d'écriture qu'a réalisé là, Battista avec une plume de haute qualité. Cette histoire regorge de pas mal de références artistiques et culturelles. Elle soulève des sujets bien réels tels que la maladie et le handicap ; et la manière de les appréhender et de les supporter dans des limites propres à chacun. Elle dépeint un monde exigeant et impitoyable, où tous les coups sont permis pour briller et où l'état d'esprit serait "Souffre et tais-toi". Elle interpelle sur certains choix qu'on peut ne pas comprendre ou ne pas cautionner. Elle ne peut faire autrement que nous faire réagir ; peu importe que ce soit négatif ou positif. Le résultat est là.
Cette histoire restera, sans aucun doute, celle où j'ai eu le plus de mal à cerner et comprendre les personnages. L'amour dans la douleur est un concept qui m'interpelle. Totalement à l'opposé de toute notion de romantisme.
Il n'en reste pas moins que c'est une lecture intéressante de par la trame qui est parfaitement menée par l'auteure. Et même si les personnages sont torturés au possible et prisonniers d'une histoire qui m'a déconcertée, Orion trouvera sans aucun doute le lectorat adepte de ce genre littéraire et qui saura certainement lui rendre hommage mieux que moi.
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