Mille livres en tête

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Et démuseler le bonheur... / Créoline DE VENFRE

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Il y a des rencontres qui ne s’expliquent pas, qui s’imposent à nous parce qu’elles devaient survenir. C’est vraiment par hasard, au détour de suggestions sur mon fil d’actualité Instagram que ma route a croisé celle de cette auteure pour laquelle je me suis dit « si l’histoire est aussi belle que la couverture, ça doit être du haut niveau ». Et j’étais bien loin de la vérité puisque ce roman me sort de mes lectures habituelles et qu’est-ce que ça fait du bien.

 

C'est par le cœur et par les tripes que Créoline DE VENFRE nous prend dès les premières lignes de son premier roman auto-édité "Et démuseler le bonheur". La couverture magnifique et le résumé d'une telle force laissaient déjà présager quelque chose de poignant mais là j'étais bien loin de tout ce que je pouvais imaginer. Bienvenue dans une lecture qui ne peut laisser personne indemne sous la plume d'une auteure pas comme les autres !


Je serais tentée de vous dire : ce livre ne s’explique pas, il se lit tout simplement. J’irai même plus loin : il ne se lit pas, il se vit. Car lorsqu’on écrit des chroniques, il y a ces livres qui sont simples à chroniquer et il y a ceux pour lesquels c’est beaucoup plus complexe. Et oui, lorsqu’une auteure telle que Créoline offre à ses lectrices de tels parcours de vie que ceux de ses trois personnages, Adama, Tobias et Erin, la tache est loin d’être simple.

 

Intriguée par ce titre qui dégage un soupçon de mystère, et avec un résumé plus qu’énigmatique, j’ai débuté cette lecture en ne sachant pas trop à quoi m’attendre. Mais une fois plongée dedans, j’ai eu beaucoup de mal à m’arrêter tellement j’étais prise par le contexte, par les sentiments qu’elle faisait naître en moi et par l’intensité de tout ce qui la compose. C’est juste hallucinant !

 

C’est sur plusieurs thèmes assez forts que repose cette histoire qui nous permet de rencontrer Adama, chauffeur-livreur de 28 ans qui a un rêve, qui lui paraît inaccessible : devenir chef cuisinier. Sauf que depuis plusieurs mois, la vie d’Adama se trouve mise en suspens après la plongée dans un coma profond de son frère aîné, Tobias, 32 ans. Pour ce futur avocat, victime d’un terrible accident, les avis médicaux sont plus que pessimistes mais Adama, ne peut concevoir sa vie sans celui dont il se sent entièrement responsable de l’état.

 

« Et me voilà qui chiale, comme chaque soir depuis cinq mois et des poussières. On dit que pleurer soulage, mais c’est des conneries. Pleurer donne juste des migraines de merde. Et comme je ne dors pas suffisamment la nuit, forcément, ça n’arrange rien »

 

En parallèle, on rencontre Erin, hôtesse de l’air de 26 ans, installée dans une vie routinière, autant personnelle que professionnelle, dans laquelle elle ne s’épanouit plus. Elle la petite fille fragilisée par un passé douloureux, devenue une jeune femme en quête d’identité, aimerait s’envoler vers d’autres projets qui lui correspondent plus.

 

Dans la vie, il suffit d’un instant, d’une rencontre pour qu’envisager de démuseler le bonheur devienne bel et bien un but réalisable et non plus seulement un rêve utopique.

 

Ça m’ennuie vraiment de parler de ce roman en le désignant comme un simple livre ; car on est bien loin de la simplicité littéraire. A mes yeux, c’est vraiment une œuvre littéraire atypique, moderne et percutante sans faux-semblants. Sous les thèmes abordés, il serait tentant de dire qu’une notion de feel good se dessine. C’est difficile à expliquer car de tels messages sont véhiculés et tant de positivité en ressort que c’est presque contradictoire avec un certain aspect de l’histoire.

 

Dans ces 500 pages que compte cette œuvre, Créoline nous décrit à merveille cette relation fraternelle si durement mise à l’épreuve et la manière dont elle perdure grâce à un seul protagoniste qui s’accroche à ses espoirs de pouvoir inverser la tendance à force de persévérance. C’est avec beaucoup de justesse, de pudeur et en toute simplicité qu’elle nous offre la vie de ces deux frères et qu’elle nous immerge, tour à tour, dans leurs émotions, dans leur bataille, dans leurs espoirs et dans leurs désillusions.

 

« Cette année, la roue tournera, et j’aurai droit au bonheur, moi aussi »

 

L’auteure nous immerge aussi dans le quotidien d’Erin, actrice par facilité dans ce qui s’apparente plus à un mauvais rôle dans un mauvais film qu’à une comédie romantique et qui subit sa vie plus qu’elle ne la vit pleinement. Il ne lui manque peut-être que cette petite étincelle qui pourrait changer la donne et une dose de courage pour devenir enfin maîtresse de sa vie et de ses choix.

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C’est avec une approche assez peu coutumière que Créoline nous décrit la notion du bonheur dans sa plus simple pureté à travers le regard de personnages que tout oppose en apparence. Mais à bien y regarder et au fil des chapitres, lorsque l’histoire se tisse, fil par fil, l’évidence saute aux yeux et on se dit que cette rencontre était forcément écrite quelque part. Qu’il ne pouvait pas en être autrement. Les enchaînements, les connexions et les échanges sont magistralement bien imaginés et présentés de manière tellement réaliste.

 

« Notre passé ressemble à un bagage : on peut s’en encombrer en le gardant en cabine ou on peut l’envoyer en soute, mais quoi qu’il en soit, à l’arrivée à destination, il sera toujours là, puisqu’il nous accompagne tout au long du voyage qu’est la vie »

 

Je ne vais pas vous dire que j’ai pleuré ; ce serait mentir. Mais une intense émotion m’a accompagnée, d’un bout à l’autre, évoluant en même tant que la progression des relations et de ces vies. L’auteure nous donne un accès libre à l’âme et au cœur de chacun de ses personnages. Elle a su me transporter pour les accompagner dans leurs émotions, dans leurs joies comme dans leurs craintes, dans leurs victoires comme dans leurs échecs et dans cette volonté commune d’en ressortir grandi et plus fort pour atteindre le bonheur tel que chacun le conçoit.

 

« On a qu’une vie. Et personne devrait être forcé à mener une vie qu’il a pas choisie. Personne »

 

C’est un fort potentiel psychologique que renferme cette œuvre dans laquelle rien n’est laissé au hasard. Et quand je dis rien, c’est vraiment rien. Le contenu est d’une qualité assez rare et tellement riche qu’on ne peut qu’être admirative de ce que Créoline a pu accomplir. Je n’ose même pas imaginer le temps, les recherches et la patience qu’un tel écrit a nécessité mais une chose est sûre, c’est que l’amour et l’attachement qu’elle a pour ses personnages se ressent dans la douceur de sa plume. C’est incroyablement touchant et clairement ça apporte un autre sens à cette lecture.

 

A travers de cette histoire, c’est aussi à ses lectrices/lecteurs qu’elle apporte une attention toute particulière en insérant une multitude de détails calligraphiques, en ponctuant son récit d’anecdotes, d’illustrations, en nous interpellant sur certains passages, en nous questionnant comme si elle était à nos côtés pour qu’on puisse lui répondre en temps réel et vivre cette expérience unique avec elle, elle la créatrice de ce bijou littéraire. J’ai trouvé ça tellement innovant, interactif ; en un mot GENIAL ! Mais attention, certains de ces détails ne sont disponibles pour que le livre commandé sur le site de l'auteure directement Sourire

 

Ce premier écrit de Créoline se démarque vraiment de ce que j’ai l’habitude d’avoir dans ma bibliothèque car lorsqu’on tourne la dernière page, on ne peut que constater l’impact sur notre propre notion du bonheur, sur la manière dont nous considérons certains thèmes abordés et sur la claque qu’il nous a mis avec un consentement 100% assumé. Et surtout parce que c’est un écrit qui interpelle par son réalisme, par la finesse et la justesse de la plume de l’auteure et par l’inattendu optimisme qu’il contient.

 

Parce que dans la vie il faut savoir prendre des risques, sortir des sentiers battus et enlever ces œillères que l’on porte par facilité ou par peur du changement, Créoline DE VENFRE est la représentation même des auteures qui sont capables de nous faire amorcer un changement, tout en douceur, dans nos habitudes de lecture. Et rencontrer une telle plume ne peut que nous faire prendre conscience qu’il y a bien un avant Créoline et un après Créoline. Et ça, c’est un talent que peu d’auteur(e)s peuvent revendiquer détenir.


23/06/2022
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Et si c'était pour Noël ? / Audrey WIERRE

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S'il y a bien un roman que j'attendais, c'était celui-là. Quand il a été proposé dans les SP Stories by Fyctia, il me tentait et je l'ai demandé, logique. Et grand bien m'en a pris car ça a été un vrai bon moment de lecture, qui frôle dangereusement avec le coup de cœur. Merci à Fyctia, Stories by Fyctia et Célia pour l'envoi.

 

Pour le résumé, c'est par ici


Dès le début de l'histoire, on se doute que Clémentine, trentenaire et ex-danseuse reconvertie en prof de danse dans une école renommée, a un passif sentimental difficile. Malgré tout, elle reste forte notamment dans son travail qui la comble et qui remplit bien sa vie. D'autant plus que cette année, elle se voit confier l'organisation du gala de Noël de la ville qui aura lieu à l'Opéra de Strasbourg. De simple participante elle devient organisatrice : cette année ce sera le ballet de Noël par excellence, Casse-Noisette. Le défi est de taille et toute aide sera utile.

 

« Vous confondez la réussite et le bonheur. N’éludez pas ce qui vous blesse profondément, faites-en votre force »

 

Heureusement Clémentine peut compter sur ses meilleures amies, Lucie et Adèle, mais aussi Emy, son ancienne collègue, qui tentent de la convaincre de s'ouvrir aux autres en mettant sur sa route, Tom, prétendument homme à femme mais qui n'a toujours pas trouvé, lui non plus, celle qui lui fera franchir le pas de la vie à deux.


"Tu es la seule célibataire ! Et tu pourrais tomber sur l'homme de ta vie, qui sait ?"


Mais les choses ne se déroulent pas toujours comme on s'y attend et lorsque Casse-Noisette s'invite dans la danse, ça annonce quelques remous.


Magie de Noël ou pas, c'est une fin d'année mouvementée qui attend Clémentine... et une lecture un peu inattendue, en tout cas pour moi.


Entre vieux démons et sentiments chamboulés, la partie est loin d'être gagnée. Mais le jeu en vaut bien la chandelle !

 

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Comme souvent lorsque je choisis mes lectures, ce sont la couverture et le résumé qui m'ont attirée en premier. Une couverture très tendance, lumineuse tout en restant dans la simplicité mais jouant sur une touche de modernité pour rajeunir la notion qu'on peut avoir des ballets. Et un résumé qui en dit suffisamment pour vouloir se plonger dans cette histoire.


On ne va pas se mentir : Audrey WIERRE a une sacrée plume, qui me correspond plutôt bien. Je suis de ces lectrices qui savent rapidement si ça va matcher ou non avec une auteure... nous étions faites pour nous rencontrer.

Avec un peu moins de 10 personnages et un thème plus qu'original, l'auteure a su créer une ambiance totalement en adéquation avec ce que j'attendais, tant dans l'univers de la danse que dans celui de Noël. Je ne suis pas adepte des personnages qui n'en finissent plus de s'ajouter les uns aux autres et heureusement, ça n'est pas le cas ici. On sait qui est qui, tout au long de l'histoire.


Le personnage de Clémentine m'a plu dès le départ même si parfois j'avais du mal à comprendre ses réactions par rapport à Tom et le manque de confiance en elle, notamment point de vue professionnel. Il faut dire que face à Mona, directrice de l'école, il faut un sacré caractère. Même si ce n'est pas un personnage envahissant, Mona est essentielle à l'histoire, lui apportant des moments uniques.

 

« Je crois toujours en la magie et aux miracles de Noël. Alors autant dire que j’essaie aussi de me convaincre que mon prince charmant existe quelque part, derrière les versions low cost qui n’ont pas fait l’affaire »


Finalement, Tom est loin de l'image, qu'on peut avoir, de l'homme qui enchaîne les conquêtes. Il est d'une patience incroyable, c'est un homme posé et réfléchi et je regrette que des interventions de sa part ne soient pas insérées pour connaître son ressenti par moment. Ça lui aurait donné un certain poids dans l'histoire, une autre dimension à la romance et ma vision aurait peut-être été différente concernant Clémentine.

 

« Ce mec est une torture pour mes yeux »


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Oui c'est ça ! Je crois que ce qui m'a chagrinée, c'est le fait que l'histoire soit narrée de la seule voix de Clémentine. Et du coup, il m'a manqué quelque chose pour atténuer certains moments d'incompréhension ou d'agacement. Mais ça ne m'a pas refroidie pour autant, tant l'auteure m'a emmenée avec elle dans son univers et a su capter mon attention jusqu'au bout.


Dans cette histoire où les personnalités sont toutes différentes mais pourtant si complémentaires au final, Audrey WIERRE a su mettre tout ce qu'il faut pour apporter une certaine magie et éviter les lourdeurs que je redoute dans ce type d'univers.


La présence de la danse classique est bien dosée, toutes les situations qui jalonnent le roman sont terriblement bien imaginées (même s'il y en a une qui m'a vraiment déplu car assez puérile à mon avis), les répliques sont excellentes et le tout est vraiment bien écrit et s'enchaîne sur un rythme agréablement dynamique.

 

« Je les scrute rapidement de haut en bas pour être sûre qu’il ne s’agit pas du casting des nouveaux Village People version XXIème siècle»


J'ai vraiment apprécié la dérision de certaines scènes, les quiproquos et l'humour que l'on retrouve par petites touches, la douceur et la tendresse qui se cachent sous certaines tensions compréhensibles et la romance qui démarre de manière assez incertaine. D'ailleurs, j'ai eu un petit moment de flottement et de doute à ce sujet. Mais, une fois compris le schéma voulu par l'auteure, tout était clair.

 

« Alors si le prince charmant se présente, je verrai bien. J’espère juste qu’il me dira tout de suite que c’est lui. Un écriteau, un T.shirt, un quatre par trois tenu par ses bras musclés, mais écrit clairement en lettres capitales « JE SUIS LE BON ». Cela devrait même être obligatoire. Comme le Port-Salut, ça devrait être écrit dessus »


Finalement, malgré certaines petites choses qui m'ont interpellée, c'est une très belle histoire que signe-là Audrey WIERRE pour démarrer cette période de l'Avent tout en douceur, en nous emmenant à Strasbourg, lieu emblématique des marchés de Noël.


On est sur une histoire toute en simplicité mais qui soulève des thèmes forts (même si pas suffisamment explorés à mon goût pour certains) et qui, une fois encore, octroie une belle place à l'amitié. L'amitié et l'amour, il n'y a que ça de vrai, n'est-ce pas !


Alors, préparez-vous une ambiance cocooning avec chocolat chaud et plaid douillet et fondez de plaisir dans cette romance qui n'a aucune prétention, si ce n'est de vous faire passer un très beau moment de lecture !


29/12/2021
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Equation à deux inconnus / Danielle GUISIANO

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Ce roman au thème plus qu'original me tentait dès que mon regard a croisé sa couverture et son résumé. Connaissant l'auteure pour l'avoir lue à plusieurs reprises, je suis vraiment heureuse de l'avoir reçu en Service Presse papier. Merci infiniment Danielle pour cette adorable démarche me renouvelant ta confiance et les éditions Hugo New Romance pour cet envoi.

 

Alors qu'elle s'apprête à inverser les codes en matière de mariage, c'est la douche froide pour Diane, trentenaire vivant en Provence qui voit son compagnon depuis 5 ans lui annoncer que leurs chemins se séparent là. Celui qu'elle voyait comme le père de ses enfants n'est finalement pas le bon candidat. Et la rupture est inévitable.

 

« Ses désirs faisaient loi. Nos vacances étaient les siennes, nos amis étaient les siens, nos sorties étaient calquées sur ses envies. Je me suis toujours adaptée parce que je pensais l’aimer »

 

Devant composer avec une horloge biologique qui tourne et qui s'emballe et un désir de maternité qui se veut plus pressant, elle est prête à assouvir seule ce besoin. A présent célibataire, ne reste que la solution de la dernière chance : faire un bébé toute seule mais pas tout à fait... elle opte pour la co-parentalité, via un site spécialisé, qui comblera son désir d'enfant sans s'encombrer du père de son bébé au quotidien. La voilà s’inscrivant sur un site de co-parentalité où son profil va croiser celui de London.

 

« Il y a maldonne. Je reste une femme en capacité de procréer, mais je n’ai plus la graine »

 

C'est le même schéma qui se produit pour London – de son vrai prénom, Félix - 37 ans, chef d'entreprise qui a tout réussi dans sa vie sauf le côté sentimental. A cause d’un passé sentimental malmené, il est incapable de tomber amoureux et ne peux rien apporter de concret aux femmes. Sans attache affective, le désir d'enfant s'invite aussi au masculin. Le voilà s'inscrivant sur le même site que notre héroïne féminine mais la vie réservant parfois de bonnes comme de mauvaises surprises, rien n'est moins sûr que la compatibilité entre les deux soit la bonne.

 

« Mon profil s’affiche en grand sur l’écran et un clignotant rouge annonce des messages en attente. J’en ai cinquante-deux. – C’est quoi cette blague ? »

 

Mais lorsque le rôle de dame nature ne s'arrête pas seulement à ce qu'on attend d'elle, l'équation risque bien de se trouver un peu perturbée par des données non prévues.

 

Lorsque deux inconnus se rencontrent, quelles sont les probabilités pour que tout se passe comme chacun l’a décidé ?

Le choix de l'option co-parentalité assure-t-elle qu'aucun sentiment inattendu ne s'invite dans l'équation Maman + Papa = Bébé ?

 

Entrons dans le vif du sujet : j’ai adoré cette histoire qui frôle dangereusement le coup de cœur. Je l’ai lue en à peine quelques heures et j’ai retrouvé tout ce que j’aime dans la plume de l’auteure. Sauf qu’il m’a manqué un petit quelque chose pour me faire fondre totalement. Alors attention, ce n’est absolument pas une critique négative ; juste une attente personnelle inassouvie.

 

C’est avec une sublime histoire que Danielle GUISIANO explore un thème très original et que je n’avais jamais rencontré auparavant : la co-parentalité. Principe tout simple : deux inconnus, avec le même désir de devenir parents, prennent contact pour concevoir un enfant, sans qu’il soit question de sentiments et qui, une fois l’enfant né, se partageront la garde. Point final à ce procédé.

 

« Pas d’amour, ni de tendresse, d’amitié ou de complicité. Le deal est parfaitement bordé. Suis-je prête à sceller mon destin à celui d’un homme aussi détaché ? »

 

Ça peut paraître surprenant ce choix de thème pour une romance mais l’auteure réussi là un très bel exercice où le côté psychologique est plus que bien exploré et mis en avant sans lourdeurs et où le côté romance n’est pas oublié pour autant qu’on se le dise. Même si c’est cet aspect-là auquel il m’a manqué un peu de plus.

 

Les deux personnages principaux, Diane et London ont en commun d'être fortement attachés aux liens familiaux et d’avoir la même conception de la famille ; même si leur situation est un peu atypique, ça ne peut qu’être un bon début. Sauf que lorsqu’on ne se connaît pas, ce seul critère suffit-il à la réussite d’une telle démarche ?

 

London est un homme très réfléchi et en permanence sous contrôle. Sa vie tumultueuse passée et entachée par des périodes douloureuses ne lui permet plus aucune place pour l'imprévu. Il peut compter sur sa famille et son ami et collaborateur Fred ; mais faut-il qu’il arrive à lâcher prise ! Ce trait de caractère aurait pu le rendre agaçant ; et bien moi j’ai adoré. Ça le rend touchant, un soupçon fragile sous une carapace d’homme d’affaire sûr de lui et surtout ça le rend forcément très fiable. Gros coup de cœur pour ce personnage masculin qui peut sembler macho et un brin maniaque, centré sur ses seuls désirs ; mais il est bien plus que cela et tout au long de l’histoire il se dévoile d’une manière qu’on ne pourrait pas forcément soupçonner au départ.

 

« Un regard s’attarde lourdement sur moi. Lorsque je me retourne, je ne vois que lui. L’espace d’un instant, j’imagine qu’il s’agit d’un mirage, un genre d’hallucination. Je cligne des yeux mais l’image est toujours là, et pire : elle se précise. Assis au bar, Félix m’observe »

 

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Diane est une jeune femme indépendante, ayant parfaitement réussi sa vie professionnelle d’assistante designer dans un cabinet d’architectes. Si sa vie sentimentale n’est pas idyllique comme elle l’a cru pendant 5 ans, elle ne baisse pas pour autant les bras et à un caractère assez fort et la tête sur les épaules pour mener à bien ce rêve de maternité. Son personnage est parfaitement complémentaire avec London car certaines choses semblent les opposer et pourtant il y a une alchimie entre eux, une attirance certaine. Elle n’accepte pas tout, à tout prix et son point fort c’est d’être aussi très bien entourée et soutenue par une mère au top du top et deux amies, Marjorie et Vanessa, qui sont de vrais rayons de soleils dans sa vie et qui sont prêtes à tout pour elle. Très belle image de l’amitié, ici représentée !

 

« L’idée de te faire engrosser par un inconnu est chelou, alors choisis au moins avec soin celui qui aura cet honneur »

 

A première vue, tout s'annonce comme une simple collaboration procédurière et j'ai vraiment apprécié que le sujet de base ne soit pas traité à la légère. En matière de romance, on peut aborder des sujets sérieux voire forts mais ça doit être fait correctement sans trop en faire non plus. Et là, l'auteure a très bien réalisé cette étape importante.

 

Dans cette histoire qui se déroule, comme on peut s’en douter, sur un laps de temps correspondant à une grossesse, il m’a manqué plus de moments clés en duo, de moments de partages romancés. Même si ceux qui sont présents, et vraiment très bien écrits dans l’art du romantisme, j’aurais aimé plus de « dérapages non contrôlés » ; quitte à avoir 500 pages au lieu des 372 pages que compte ce roman. J’ai adoré ce qui était trop peu pour moi et forcément j’en aurais aimé plus, logique !

 

« La tête nichée contre sa poitrine, j’entends son cœur et nos regards s’aimantent. Une force inouïe nous soude. C’est intense. Puissant puis son haleine me frôle et sa bouche se pose délicatement sur la mienne. C’est un baiser doux, une caresse de reconnaissance »

 

Ce qui aurait pu être une histoire plate et sans saveur, se révèle être une lecture prenante jalonnée tout du long de révélations, de situations inattendues, de moments de doutes ou d’hésitations, de douceur, de tendresse mais aussi d’humour et de surprises. Il n’y a pas trop de personnages secondaires mais ce n’est pas un huis-clos non plus, heureusement. Et ça, c’est un gros point positif pour moi. Tous les personnages sont attachants et essentiels à chaque passage dans lesquels ils apparaissent ; même si ma préférence va pour London, je sais je l’ai déjà dit.

 

Alors même s’il m’a manqué un petit peu plus, je ne pouvais pas passer à côté de ce rendez-vous où le résultat de cette équation est bien plus qu’une simple romance. La douceur et la finesse de la plume de Danielle GUISIANO sont encore une fois là et bien là. Et son lectorat ne peut que répondre présent ! Que vous en fassiez partie ou non et que vous recherchez quelque chose de différent, « Equation à deux inconnus » est la lecture qu’il vous faut ! Alors, bonne lecture !


24/10/2021
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Et me souvenir de ta mémoire / Cécile BERGERAC

1.pngMon grand-père ce héros ! C’est ainsi que la petite Cécile a toujours considéré son grand-père Marcel à qui elle rend hommage – à sa façon - à travers cet ouvrage poignant et bouleversant de pudeur et de sensibilité. C’est le 2ème roman de Cécile BERGERAC que j’ai le grand bonheur de lire – après « Ferme les yeux et fais un vœu » paru en 2020 chez Hugo Roman - et je suis prête à signer tout de suite pour découvrir une prochaine histoire sous sa plume. Merci à Hugo Roman et Célia pour l’envoi de ce pur moment de lecture que je rêvais vraiment de découvrir et que vous avez rendu possible !

 

Je suis bien loin de mon registre habituel de lecture et sincèrement, ça fait un bien incroyable de lire des histoires tellement bien écrites que je les associerais à un récit 100% vécu. Et pourtant… en refermant « Et me souvenir de ta mémoire », je me suis rendue compte que ce n’était pas le cas. Pour reprendre les termes de la présentation de la maison d’édition, il s’agit « d’une autofiction de ce qu’aurait pu lui transmettre son grand-père de son histoire. Si les fondations de ce récit ont été construites à l’encre de la réalité, c’est celle de l’imagination qui a pris le relai pour lui permettre d’exister ».

 

Expliquer ce qui est réel et ce qui est sorti de l’imagination de l’auteure, j’en serais incapable car j’ai lu cette histoire dans sa globalité sans me soucier du vrai et du faux. Je me suis vraiment laissée porter par ces personnages, ces tranches de vies heureuses ou bouleversées à jamais, ces évènements mentionnés qui même s’ils sont effroyables ne peuvent être ignorés et oubliés. Et surtout, la plume de Cécile BERGERAC m’a happée dans le sillon de sa plume, pour ce voyage à travers les époques passées et présentes sous les mots posés alternativement par Marcel, le grand-père et Cécile, sa petite fille, auxquels viennent s’inviter des passages narratifs externes indispensables pour lier cette histoire de vie.

 

Dès le prologue, j’ai senti l’amour qui allait unir ce grand-père à sa petite fille sur le point de naître à l’automne 1980. Court mais terriblement explicite en matière de sentiments ressentis comme tissés bien avant la naissance de Cécile. Elle est attendue de manière tellement touchante.

 

« Il l’a attendue pendant des mois, guettant chaque signe, observant le calendrier avec impatience »

 

Puis, chose intéressante, l’auteure scinde son histoire en 3 parties et je suis toujours très réceptive à ce genre de technique d’écriture d’autant plus sur ce type de roman : un peu comme « l’avant, le pendant et l’après ». Ça apporte tellement de force à l’ensemble qu’il est impossible de lâcher l’histoire même si on en connait forcément l’issue. Et quand à ces parties, l’auteure associe 3 titres phares du répertoire musical de Jean-Jacques GOLDMAN, je ne peux qu’y être sensible. Surtout lorsqu’il est évident que ces titres sont judicieusement choisis et attribués à chaque partie : 1 - LA-BAS / 2 - PUISQUE TU PARS / 3 - PAS L’INDIFFERENCE

 

Dans cette autofiction, l’auteure aborde des thèmes forts comme les violences conjugales, les humiliations raciales, le déracinement d’une terre natale, la maladie évolutive à laquelle on assiste impuissants, le deuil et sa manière de l’appréhender, les guerres ou autres atrocités contre les hommes, etc… Mais même si ce sont des sujets à connotation triste, ce n’est pas de la tristesse que j’ai ressenti mais une grande émotion qui ne m’a pas quittée jusqu’à la fin. Malheureusement, les thèmes de la maladie et du deuil font partie du cycle de l’existence et de manière très personnelle, pour y avoir été confrontée, j’ai pris le parti de tenter de les appréhender autrement. Ce qui n’empêche pas les larmes de couler et à l’émotion d’être là et bien là. Qu’on ne me fasse pas dire, ce que je n’ai pas dit, soyons bien d’accord avec ça. Je ne suis pas devenue insensible.

 

Cette histoire qui traverse des décennies est vraiment portée par la force de Marcel, le grand-père et par la curiosité de la jeune Cécile, 10 ans, qui veut tout connaître de son aïeul. Mais comme certaines vérités ne sont pas toujours bonne à dire, ni à entendre – surtout pour un enfant de cet âge-là -, ce grand-père qui aime sa petite fille au-delà de tout, va faire un choix de protection en ne lui transmettant que le meilleur et en choisissant d’édulcorer le pire.

 

« Elle a raison, il faudra un jour que je lui raconte l’Algérie. Ce pays où elle n’est pas allée,  qu’elle n’a pas connu, et qu’elle ne connaîtra jamais comme nous l’avons vu. Il faudra qu’elle découvre son histoire, puisque c’est la sienne »

 

Dans ce roman, on découvre la force physique et morale d’un homme qui aime sa terre natale, l’Algérie et qui ne conçois pas de vivre loin d’elle. Même si son enfance n’a pas toujours été rose, il ne se plaint jamais sachant se contenter de ce qu’il a. Au fil de l’histoire, on côtoie l’enfant qui a vécu tant de choses pour devenir un homme qui ne reculera devant rien, ni personne et qui donnera plus aux autres que de chercher à recevoir. Quelles que soient les étapes traversées et les époques vécues, c’est un enfant et un homme entier quels que soient ceux qui croisent son chemin.

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De l’Algérie des années 1920 jusqu’à la France des années 1960, c’est tout un pan d’histoire d’un pays en évolution, qui se déroule comme intimement lié à cette famille qui a tenu, coûte que coûte, pour éviter le déracinement. Mais l’adversaire était plus que fort et malgré les combats menés et remportés grâce à un courage incroyable, la décision finale ne pouvait qu’être l’abdication face à un climat pesant qui s’était emparé de ce pays si cher à leurs cœurs et à leurs esprits. Leur nouvelle terre d’accueil serait la France ; comme le présage d’une vie différente mais peut-être plus apaisée.

 

 

« Il manquait souvent l’accent, occasionnellement le soleil ou l’odeur, qui était moins vive. La couleur faisait également défaut. Comme si rien ne pouvait égaler mes souvenirs. J’ai pu trouver parfois les sonorités chantantes de « là-bas », mais jamais je ne me suis senti aussi bien. Je crois, en fait, que je ne me suis plus jamais senti chez moi »

 

Sauf que dans ce livre, il n’est pas seulement question de la partie traitant des origines et des racines de Marcel qui apparaît comme intouchable et inébranlable face à quoi que ce soit. Car celui qui s’apparente à un héros aux yeux de tous et notamment de ses proches, n’en est pas moins qu’un homme ; seulement un homme, avec ses forces mais aussi ses faiblesses. Et la faiblesse la plus sournoise qui s’insinuera en lui, c’est la maladie.

 

« Comme un enfant, il passe son doigt sur son nez. Ce geste, ce n’est tellement pas lui que je ne sais pas si je dois en rire ou en pleurer. Il me faut apprendre à connaître celui qu’il devient, comme si une autre personne avait volé l’enveloppe de mon grand-père »

 

Deuxième thème fort, traité sans langue de bois et avec honnêteté quant à son ressenti, par celle qui, à l’aube de ses 20 ans, sera touchée au plus profond d’elle, lui apportant une autre image de son grand-père, son héros avec qui elle a connu de si beaux moments et d’échanges épistolaires. Mise face à ses peurs et à ses doutes, passant par les étapes du choc de l’annonce et d’un certain déni, la fillette de 10 ans laissera sa place à la jeune femme de 20 ans qui  va puiser dans tout l’amour qu’elle a pour son aïeul pour ne pas tomber dans la résignation et pour lui apporter tout ce qu’elle peut pour embellir son quotidien et entretenir les souvenirs de son passé afin de maintenir ouvertes les portes de sa mémoire. Toute cette partie du processus donne lieu à de très beaux passages, à de très beaux gestes et actes d’amour même si la réalité se fait de plus en plus présente et insidieuse au fil des chapitres.

 

« La vérité, c’est qu’il n’était juste pas possible que le mal soit là, à nos côtés. On a pensé qu’en le rejetant il s’éloignerait, vexé. Comme si c’était possible… »

 

D’un bout à l’autre de ce roman, il est question d’amour qui traverse les générations : l’amour de Marcel pour sa maman, Zarie, l’amour de Marcel pour sa femme, Yvette, l’amour de Marcel pour sa petite-fille, Cécile et l’amour des uns et des autres pour Marcel. L’amour, le vrai. Celui qui est donné sans rien attendre en retour. Même si les personnages sont assez nombreux, de par le contexte de l’histoire, ils sont traités de manière assez pudique et discrète, comme en filigrane. Ils sont bien là mais en toute discrétion comme pour laisser toute la place au déroulement, sans y interférer, de l’histoire privilégiée de ce grand-père et de sa petite fille.

 

Donner son avis sur un tel roman chargé en émotions et en sentiments si profonds, est toujours délicat. J’aimerais tout dire, vous expliquer tout ce que chaque partie ou chapitre a fait raisonner en moi. J’aimerais vous dire que, au-delà de l’horreur qu’il est légitime d’imaginer, il y a toutefois une très belle poésie qui ressort de tout ça. Ca peut-être paradoxal mais c’est ainsi que j’ai vécu et ressenti certains passages.

 

Car même si tout ne correspond pas à la réalité de l’histoire de Marcel, ce livre est, 14 ans après sa disparition,  un acte et geste d’amour sans nom, de Cécile BERGERAC envers ce grand-père qui restera à jamais, pour la fillette de 10 ans qu’elle a été, un héros et un pilier. Quoi qu’elle ait pu découvrir dans les nombreux carnets qu’il a laissés comme un pied-de-nez à la maladie pour ne pas lui concéder ses souvenirs.

 

Je ne connais pas personnellement l’auteure mais il est incontestable que lorsqu’on sait mettre autant d’amour dans une histoire relatant un membre de sa famille et qu’on est capable de passer au-delà de la pudeur acquise comme un héritage, ce roman sur les liens intergénérationnels est sans nul doute possible à lire pour garder en mémoire que, comme le dit Cécile « Si vous avez la chance de pouvoir le faire, chérissez vos racines, serrez-les dans vos bras aussi fort que possible. Et n’oubliez jamais l’enfant que vous étiez a également besoin de vous ». Très belle lecture !

 

 

« Demander, c’est avouer une faiblesse, c’est admettre qu’on ne peut se suffire à soi-même »


20/06/2021
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Eleanor & Grey / Brittainy C. CHERRY

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"Cette histoire s'adresse aux cœurs brisés et aux âmes en souffrance. Elle est destinée à ceux et celles qui ont perdu des êtres qui comptaient plus que tout pour eux. Elle est destinée à ceux et celles qui vivent avec un chagrin si lourd que, certains jours, il devient insupportable. Elle est le signe qu'un jour vous retrouverez le sourire. Les êtres chers vivent dans votre cœur et dans votre âme"

 

 

C'est toujours un vrai bonheur que de se plonger dans une histoire de Brittainy C. CHERRY. Même si je sais que je n'en sortirais peut-être pas indemne émotionnellement parlant. Celle-ci ne déroge pas à ce constat. C'est en 2 parties que se déroule l'histoire d’Eleanor et Grey : 2 époques et 2 voix narratrices pour une histoire.

 

2003 : Eleanore appelée affectueusement Ellie, à 16 ans. C'est une jeune fille fantasque ne vivant que pour ses lectures, en Illinois. Une enfance plus qu'heureuse auprès de parents aimants jusqu'à ses 16 ans où une terrible nouvelle la frappe et fragilise l'adolescente qui va devoir grandir plus vite que n'importe quelle autre ado : sa mère est atteinte d'un cancer du sein.

 

"Sans mes parents, je n'aurais jamais cru à la notion d'âmes soeurs"

 

Jusque-là, sa vie sociale est inexistante si ce n'est sa cousine Shay. Jusqu'au jour où l’adolescente introvertie va rencontrer Greyson - 17 ans. Capitaine de l'équipe de basket de son lycée, il va doucement apprivoiser celle dont le monde s'effondre jour après jour. Un combat contre le temps et la maladie commence et parallèlement, c'est l'heure des premiers émois et de sentiments jusque-là jamais ressentis. Elle va s'ouvrir à une vie et à des sentiments plus en adéquation avec son âge. Lorsque la dernière volonté de sa mère est de partir pour de longues vacances en Floride, Ellie suivra ses parents en laissant derrière elle, Greyson, à qui elle ne peut demander de l'attendre.

 

"Je ne sais pas comment te dire au revoir, Ellie. Je ne sais pas comment te quitter"

 

Greyson est cette rencontre décisive qui va marquer l'adolescence de Ellie (et lui aussi bien entendu). Il a grandi dans un foyer désuni où l'alcool et les cris rythment le peu de semblant de vie familiale qui ne trompent personne. Sa relation avec Ellie s'apparente à celle d'une âme sœur, comme il en existe peu. A ses côtés ou non, il sera toujours là dans les bons comme dans les mauvais moments de la vie. Mettant de côté les affres de sa propre vie.

 

"Lorsque je dérivais vers le large il m'avait ramenée sur la grève"

 

Lorsque la maman d'Ellie disparaît, Grey a pour espoir qu'elle reviendra vivre en Illinois. Mais Ellie et son père resteront en Floride, Grey entrera à l'université pour une vie d'étudiant dépassé par le temps et les nombreux rendez-vous manqués feront le reste pour que, ce qui était une histoire si forte s'éteigne jusqu'à mourir totalement.

 

2019 : Ellie qui a choisi le même métier que sa maman se voit licenciée de son poste de nounou. Sur recommandation, elle se rend à un entretien d'embauche pour s'occuper des enfants d'un homme récemment veuf. Mais lorsqu'elle se retrouve face à son amour de jeunesse, le choc est certain, confrontée à celui qu'elle a tant aimé mais qui n'a plus rien à voir avec le Greyson de sa jeunesse : il n'est que mutisme et froideur.

 

Que se cache sous la froideur implacable de Greyson ?

Ellie aura-t-elle la force d'être ce même soutien que celui que Greyson a été pour elle dans leur passé commun ?

 

Je n'ai pas pu faire autrement que de lire ce roman d'une traite. Il est bouleversant d'émotions et la beauté de l'écriture de l'auteur est saisissante. Lorsqu'une auteure arrive à me faire pleurer jusque dans ses remerciements, c'est juste incroyable. Brittainy a choisi un thème tellement fort qu'il ne peut pas ne pas toucher : le deuil amoureux et le deuil parental.

 

"C'est difficile de repenser à une époque heureuse lorsque le présent est si douloureux"

 

Elle a parfaitement développé ces délicats sujets sans jamais tomber dans quelque chose de répétitif qui aurait alourdit la lecture. Le processus est long donc forcément Grey n'a pas le meilleur rôle et je ne suis même pas arrivée à lui en vouloir. Mais quelle souffrance d'assister à cette douleur dont il ne sait pas sortir seul ; à cette culpabilité qui le ronge. Et qui sont accentuées par le regard de ce qu'il lui reste de plus cher : ses enfants.

 

"J'abandonnerais tout pour mes filles. Je renoncerais à tout pour assurer le bonheur de mes filles"

 

J'ai beaucoup souri avec Ellie et ses monologues tellement pleins de fraîcheur et j'ai été touchée par sa volonté, sa ténacité et la douce force qu'elle a en elle. J'ai eu l'impression de me trouver face à Louisa dans Before you. Ses réparties, son sens des responsabilités sous un caractère décalé et ses cardigans colorés. Elle est l'éclaircie après la tempête et va mettre tout ce qu'elle a, au fond d'elle, pour sauver ce qui lui reste de plus cher : Grey mais aussi son propre père. Mais peut-on sauver quelqu'un qui ne veut pas être aidé ?

 

"Il était difficile de croire qu'à une époque mon père et moi étions si proches. Le temps a cette capacité de changer les relations d'une façon qu'on aurait jamais cru possible"

 

Et j'ai eu tellement de peine en découvrant Greyson et cette tristesse qui glace son si beau regard. Un peu comme si les sentiments développés dans la 1ère partie s'inversaient.

 

"La tristesse ne s'exprime pas par des mots, mais par l'intermédiaire du corps. Elle flotte dans les yeux"

 

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Car le contraste est saisissant entre les 2 époques et l'évolution des personnages. Il y a un sacré travail d'écriture pour aboutir à un tel résultat qui montre que la vie ne tient qu'à peu de choses. Et que l'âme s'apparente à un organe aussi difficile à réparer que le cœur  C'est juste et poignant et tellement bien écrit sans ne rien oublier de détails importants ou de paroles dures mais nécessaires. L'auteure alterne dureté et douceur avec tant de talent qu'on vit vraiment cette histoire avec son cœur, et pas comme une simple et banale lecture.

 

"Peut-être que tout ce dont les gens ont besoin parfois, c'est de quelqu'un qui soit toujours présent pour eux dans les jours difficiles, même lorsqu'ils font tout pour repousser tout le monde"

 

Ce roman est un peu un miroir de la vie qui enseigne tellement de choses dès lors que les personnages changent de côté. On voit la même chose mais pas avec la même personne, ni le même regard. Et ça, ça s'applique autant à Grey qu'à ses enfants finalement. Le personnage de Karla, 14 ans, en est l'illustration puisque le thème qui lui est associé est déjà évoqué par le passé. Et qu'il est douloureux. Personnage percutant et parfaitement travaillé par l'auteure. On peut s'indigner de son comportement et de son insolence mais on ne peut pas la juger et ne pas essayer de la comprendre en se mettant à sa place.

 

Et cela s'applique aussi à sa jeune sœur de 5 ans, Lorelai. Si petite et elle a déjà vécu tant de choses. Sourires et émotions sont au rendez-vous avec cette adorable fillette.

 

C'est un méga coup de cœur que cette histoire de Eleanor et Grey où le rythme est juste parfait sur des thèmes abordés avec tant de justesse et d'émotion. Ces émotions vont et viennent au fil des évènements de ces deux vies qui ne sont faites que pour en faire qu'une. Mais à qui le destin imposera des épreuves nécessaires pour y parvenir. Eleanor n'est rien sans Grey et Grey n'est rien sans Eleanor.

 

Découvrez l'histoire de ce couple qui est né, qui a chuté et qui tente de se relever parce que comme Eleanor le dit si bien

"C'était lui, c'était moi, et c'était nous"


22/08/2020
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Endless Night - T.2 / Estelle EVERY

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De retour à Paris, forte du succès de son enquête, Auxane retrouve un meilleur poste au sein du journal. Confiante, elle pense, qu’après avoir vu un psy imposé par son patron – fait très important tout au long du roman -, son avenir professionnel peut encore plus évoluer ; dans son esprit, c'est une évidence. Sauf si la réalité vient à la rattraper et qu’un manque de quelque chose laissé en Russie, pourrait être la solution à sa renaissance.

 

« Je rêvais de journalisme comme d’une voie pour m’évader. Je me suis accrochée, me disant que ma réussite professionnelle me rendrait enfin heureuse »


De son côté, Grigori se lance dans un nouveau projet loin de St Pétersbourg ; non pas sans avoir une idée bien précise en tête. Il ne peut oublier Auxane dont le souvenir torture ses pensées. Et lorsqu'il va reprendre contact avec elle, plusieurs mois après, rien ne sera facile ; il va devoir faire preuve de persévérance et de patience. Mais on a bien vu, dans le 1er tome, que c'est un homme patient.


Auxane saura-t-elle passer outre ces sentiments d'abandon et de trahison qui l'animent ?

Grigori sera-t-il capable de lâcher un peu de leste à son besoin de contrôle ?


La suite de cette histoire, plutôt torride dans le 1er tome, prend un nouveau tournant de par son contenu alors que la plume de l'auteure reste inchangée : toujours fluide et prenante. Ici, on abandonne ce qui s'apparentait, un peu, à un huis-clos à St Pétersbourg même si on retrouve une grande partie des protagonistes précédemment rencontrés. Le rôle de certains, plus en retrait dans le 1er tome, prend ici une autre dimension, ce qui est intéressant.


Le climat de l'histoire n'est pas le même non plus ; de fait, on ne ressent plus le côté torride poussé à son paroxysme même si l’alchimie et une puissante attirance sont indéniables. Bien sûr il y a toujours des scènes agréablement érotiques, très bien écrites apportant cette touche sensuelle indispensable à  l'histoire. Mais Auxane étant, à mon sens, bien différente de celle qu'elle était à St Petersbourg, la donne n’est plus tout à fait la même. Elle peut s’oublier dans des bras ou dans des lits différents, il est difficile pour moi, lectrice, de me sortir Grigori de l’esprit et de me fondre dans ses autres relations. Après, tout le cheminement et la construction narrative de l’histoire est là, donc logique.

 

« Ce n’est pas parce que tu ne me voyais pas que je n’étais pas là »


L'auteure a mis l’accent  sur plusieurs sujets et l'attention est captée d'un bout à l'autre nous emmenant de Paris à Nice puis Monaco et Venise. Tout au long de ce périple, on peut voir l’évolution des personnages qui tentent de se reconstruire en composant avec leurs doutes, leurs faiblesses et leurs craintes. Certaines décisions prises donnent envie d’entrer dans le livre pour remettre un peu d’ordre dans leurs esprits perturbés ou leur apporter un peu de la lucidité qui leur manque.

 

Auxane est toujours aussi perdue et blessée ; s’il y a bien un personnage en pleine recherche d’identité, c’est elle. Sa peur de l’échec amoureux et du lâcher prise, l’empêche de s’épanouir. Mais malgré les faux-semblants, elle doit reconnaître qu’à St Pétersbourg elle était vraiment dans son élément ; ce que je pense aussi. Mais qu’en est-il à Paris ? Pas sûre qu’elle soit réellement faite pour être journaliste ; ou pas de la manière qui est présentée. On sent bien combien elle est vulnérable et qu’elle va devoir faire un sacré travail pour laisser le passé derrière elle et se donner les chances d’avancer enfin. Un évènement bouleversant pourrait bien être cet élément déclencheur qu’on n’attend plus.

 

« Mon angoisse diminue lorsque je pense à St Pétersbourg. Motivée, galvanisée. Chaque jour, je faisais de nouvelles découvertes. Même ma sexualité en est affectée : impossible de prendre mon pied sans penser à Grigori »

 

Lorsque Grigori réapparaît, il est clair que les blessures d’Auxane ne sont pas prêtes à cicatriser. Le bellâtre est, en partie, égal à lui-même ; tant par les bons que par les mauvais côtés de son caractère. Il est toujours dans le contrôle, ce qui l’a mené à sa réussite professionnelle, toujours parfaitement humain, tendre, sensible et prêt à tout pour mettre son bonheur entre les mains d’Oksana. Même à patienter encore et encore, sans néanmoins omettre de tout mettre en œuvre pour que l’aboutissement de son projet se fasse dans les meilleures conditions : qu’Oksana arrête de fuir, se sente enfin aimée, reconnue et qu’elle comprenne que lui seul est capable de la rendre heureuse sans aucun doute possible. Lui va devoir patienter, de loin parfois ; les lectrices aussi, c’est le moins qu’on puisse dire.

 

« Je ne cherche pas à former un autre moi-même, je veux qu’elle me complète »

 

En parallèle, il y a Milan, l’ami d’enfance qui m’a laissée un peu perplexe dans le 1er tome, qui fait un retour en force pour une bonne partie de l’histoire ; et quel retour alors qu’ils n’étaient pas restés en de bons termes ! Ses démons sont toujours bien présents et on en évalue vraiment toute l’étendue. Et l’ambigüité de sa réelle relation avec Auxane est toujours entretenue par l’auteure. Au vu de tout ce qu’il partage avec Auxane – et pas qu’une simple tasse de café -, je me suis même demandé avec qui elle finirait à la fin de l’histoire. J’ai trouvé qu’il prenait une sacrée place et ça m’a mis le doute sur les motivations d’Auxane quant à ses sentiments envers Grigori. Un triangle amoureux un peu complexe, en somme ; que je n’avais pas du tout ressenti précédemment.

 

« Je n’ai pas besoin de ta protection, Auxane. Je n’en ai jamais eu besoin. La réciproque est loin d’être vraie. Admets-le : tu as besoin de moi. Rends-nous un service : éloigne-toi de moi. Pour de bon, cette fois. Je ne veux pas de toi dans ma vie »

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La belle surprise de cette suite, c’est le personnage de Sofia qui, précédemment, était assez énigmatique malgré ses relations connues avec Grigori ; on ne savait pas grand-chose sur elle et sur ses activités. Là, une belle part de l’histoire nous immerge dans son univers à Venise qui, je dois être honnête, est à mille lieues de ce que j’avais pu imaginer. Bon, l’ambiance n’est pas forcément toujours réjouissante car très particulière, mais j’ai aimé le côté protecteur qu’elle montre envers Auxane ; sans lui accorder de passe-droit pour autant. Je me suis vraiment laissée embarquer dans ce passage ; un peu comme une fascination envers l’inconnu. Et conviction personnelle : elle est un personnage principal à part entière. C’est un peu elle (voir beaucoup selon moi),  de manière très particulière, qui est à même de mener Auxane sur le chemin vers une âme apaisée et reconstruite.

 

« La fragilité et la dépendance ne sont pas des défauts, les enfants les expérimentent avec leurs parents et c’est ce qui leur permet de se construire »


Je termine cette duologie avec un tout petit regret quant à la fin que j’ai trouvé vraiment trop rapide. Elle manque de certaines liaisons dont l’absence m’a laissé comme une impression d’avoir manqué quelque chose. C’est un petit détail qui n’a absolument pas entaché ma lecture puisque j’ai dévoré ce 2nd tome de la même façon que le 1er ; même si les émotions étaient un peu différentes mais toujours bien présentes.

 

Sincèrement, je ne comprends pas comment j’ai pu faire pour tarder à lire cette histoire. C’est une vraie belle découverte de l’auteure, de cet univers qu’elle a su créer et développer, de ces personnages qui ne sont pas communs mais qui m’ont, malgré tout, embarqué avec eux (même si moins d’affinités avec certains).

 

Si vous aimez les univers mystérieux, sombres, sensuels voire plus si vous avez le goût du risque pour votre lingerie, Endless night est assurément un roman qui tire parfaitement sa plume dans l’univers New Romance Erotique. J’ignore si l’auteure a prévu de nous programmer un autre rendez-vous avec ses personnages, Milan peut-être, mais je serais au rendez-vous et sans retard cette fois.


09/05/2020
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Endless Night - T.1 / Estelle EVERY

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J'ai découvert le 1er tome de cette histoire, il y a déjà un certain temps sous Service Presse. Je l'avais commencé, dans une période compliquée, et je n'arrivais pas à me concentrer dessus ; j’étais bloquée sur le personnage de J.C. Allez savoir pourquoi ! Et j'ai lâché l'affaire en me promettant d'y revenir plus tard. Il m'aura fallu près de 2 ans tout de même mais voilà qui est fait. Mais pourquoi ai-je attendu si longtemps !

 

Merci à Fyctia/Hugo Poche Embarrassé

 

Oserais-je dire que j'ai adoré ? Et bien oui, j'ose et certaines personnes savent combien ça me coûte Incertain Pourtant, je ne suis pas spécialement portée sur les histoires interdites au moins de 18 ans voire 16 ans et clairement axées sur une ambiance hautement érotique. Mais quand c'est bien  écrit, ça se lit comme n'importe quel autre genre.

 

Érotique, vous avez dit érotique ? On ne va pas se voiler la face car c'est bien dans cet univers de plaisirs libertins et charnels que va entrer Auxane, jeune journaliste française de 23 ans. Si on lui avait présenté les choses ainsi, croyez-vous qu’elle y serait allée quand même ?

 

Elle a l’impression de stagner dans ce métier qui la passionne pourtant, et pour donner un coup de boost à sa carrière, elle va s'imposer, auprès de sa hiérarchie, pour une enquête journalistique à haut risque, en Russie, terre de ses ancêtres. A Saint Pétersbourg plus précisément, ville des nuits blanches. Pour pouvoir atteindre la cible de cet article, Dimitri LESSKOV, elle va devoir sacrément donner de sa personne en tentant d’intégrer le très select club « LE SECRET » dirigé par la main de fer de Grigori ALEKSEI.

 

« Je suis là de mon plein gré. J’aurais pu choisir un autre job. Mais ma curiosité l’a emporté. »

 

Aidée et hébergée par sa cousine Valentina, elle va se fondre dans les Nuits Blanches russes et au-delà du travail journalistique, sa vie personnelle pourrait bien être impactée. Une chose est sûre : pour Auxane comme pour les lectrices, il sera impossible de résister au charme et au mystère que dégage Grigori. Partie dans un but professionnel, on peut dire qu’Auxane va aller au bout de sa mission et par tous les moyens qui seront permis pour percer les secrets enfouis dans l’atmosphère magique et insaisissable de la Venice du Nord. 

 

Jusqu’où sera capable d’aller Auxane pour parvenir à ses fins ?

Ressortira-t-elle indemne de cette immersion dans un monde si sulfureux ?

 

Ce 1er roman d’Estelle EVERY est classé en New Romance mais à cette appellation il faudrait ajouter « érotique » car, de manière claire, il est plutôt pour des lectrices averties et friandes de tout ce contenu qu’il offre. Ici, pas de schéma de séduction classique ; l’approche est plus sensuelle et érotique par le biais du club « LE SECRET » et de tous les plaisirs et pratiques qu’il renferme.

 

La rencontre entre Auxane et Grigori, l’auteure ne l’a pas rendue simple ; rien n’était acquis. Elle s’est faite de manière cohérente ; à un rythme parfaitement adapté : sensualité ne rimant pas avec rapidité. Chacun va plonger dans un inconnu qui pourrait bien le pousser à réfléchir sur ses attentes, sur ses limites mais aussi le pousser à se révéler à l’autre.

 

« Si je m’écoutais, je balancerais mon verre de vin à la figue de mon potentiel employeur. J’opte pour une approche plus diplomatique »

 

Important concernant Grigori : un certain mystère l’entoure et peu de révélations sont faites. Mais l’auteure a tout prévu : un prequel est disponible dans lequel, en seulement 4 chapitres, on apprend certaines choses sur son passé, son ascension dans ce monde de luxure et surtout les liens qui l’unissent avec Valentina et Sofia, deux personnages importants tout au long de l’histoire. Cette parenthèse introductive est importante.

 

Grigori, ah Grigori ! Un vrai fantasme à lui tout seul ! Homme mystérieux et réservé, dans le contrôle permanent, il est entier, sincère et honnête, véritable Maître des plaisirs et des sens exacerbés. C’est un dominant avéré dont la position ne lui permet pas de laisser place aux imprévus et lui impose un certain charisme. La retenue dont il fait preuve force l’admiration ; comment tant de contrôle peut être possible ? L’auteure, pour son histoire, a choisi de refuser le droit, à Grigori, à toute relation sexuelle avec ses employées. Sauf, que lorsque Auxane – qui pour le contexte reprend son prénom d’origine, Oksana – devient son employée et qu’elle éveille en lui des sentiments inexpliqués, on imagine aisément que l’histoire va se corser et ne pas être de tout repos. Le point positif c’est que malgré l’univers dans lequel il évolue, Grigori n’est pas un misogyne, bien au contraire. Seul le plaisir des femmes – et des hommes aussi, bien entendu - importe et il sait tout mettre en œuvre pour leur donner satisfaction.

 

« L’effronterie d’Oksana m’agace autant qu’elle m’amuse. Mon excitation refait régulièrement surface. Je dois me répéter que je ne couche jamais avec mes employées, et je me surprends à envisager de renoncer à cette règle, juste une fois, juste pour elle »

 

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Face à lui, Auxane est un personnage fort, qui n’a pas peur de dire ce qu’elle pense frôlant parfois les limites de l’arrogance. Au fil de la lecture, on comprend l’étendue de ce besoin de reconnaissance qui l’anime et le pourquoi de certains de ses choix. Et surtout les raisons de ce dépassement de soi qui s’enclenche tel un processus de reconstruction. Ce n’est pas une pleurnicharde ; elle saura le prouver tout au long de cette histoire. J’ai beaucoup aimé, un peu comme un conte des Mille et une nuits, la manière dont elle dévoile son histoire passée. Et ce passé est émotionnellement lourd, ce qui fait qu’on s’attache à son personnage même si on peut ne pas toujours partager ses choix. Dans cette histoire, elle n’est ni plus, ni moins, une jeune femme qui va découvrir, de manière parfaitement assumée, le plaisir des sens et les délices de jeux jusqu’alors inconnus.

 

« Ce soir, tout est différent. Il s’agit de sexe, de domination et de soumission, de voyeurisme aussi. Je n’aurais jamais cru être excitée dans de telles conditions. Je dois pourtant me rendre à l’évidence : la performance des deux femmes me trouble »

 

L’auteure n’a pas choisie une narration à seulement deux voix ; se sont invités aussi les pensées et actes de Milan, un peu beaucoup bad boy mais néanmoins fidèle ami d’enfance d’Auxane et celles de Valentina, sa cousine. Le choix de Valentina est tout à fait justifié puisque le déroulement de l’histoire la met pas mal en avant aussi. Mais pour Milan, je suis restée, un certain temps, plus dubitative sur le pourquoi de ses interventions. Sa relation avec Auxane est assez ambigüe même si on sent bien que des liens assez forts les unissent malgré des vies qui ont pris des chemins opposés. Ce qui m’a gêné, c’est le comportement d’Auxane vis-à-vis de lui ; un peu comme un homme-objet sexuel (je fais peut-être fausse route !). Si l’auteure a choisi de l’intégrer ainsi, c’est qu’il y sûrement une bonne raison pour la suite.

 

« J’ai toujours eu un œil sur elle. J’aurais tout donné pour elle si elle me l’avait demandé »

 

De ce qui s’annonçait comme une enquête visant à faire tomber un homme d’affaire russe, là aussi j’ai été surprise. Il en est bien question, tout au long de l’histoire, mais de manière assez légère finalement. J’ai trouvé que c’était plus une base pour amorcer l’entrée dans un autre sujet, où tout est soigneusement lié. Ca n’empêche pas que l’histoire réserve son lot de surprises et de rebondissements notamment avec le personnage de Valentina, dont je ne vous dirais rien, pour lequel un truc bizarre s’est manifesté en moi dès le départ. Comme une idée sur elle qui n’a fait que se confirmer.

 

Estelle EVERY emmène son lectorat dans un univers à mettre en ébullition les hormones les plus chatouilleuses et à désagréger les lingeries mises à rude épreuve. C’est un pari osé : ça passe ou ça casse !  Beaucoup de scènes torrides, des mots "crus", des situations érotiques jouant avec nos émotions ou celles des personnages et atteignant parfois les limites du BDSM. Alors oui, certaines scènes, où le nombre de partenaires dépasse la norme, peuvent choquer par le côté « crue » qu’elles sous-entendent ou qu’elles abordent de manière plus explicite. Mais au-delà de tout ce sexe, il faut voir la sensualité qui transparaît, pour ne garder en mémoire que l’aboutissement des plaisirs recherchés tel un art ancestral. L’acte d’amour existe depuis que le monde est monde et nulle ne saurait certifier qu’il en était autrement avec nos ancêtres, et avec les leurs avant eux. Alors, de grâce, ne crions pas au « Oh shocking ! » !

 

C’est un sacré exercice d’écriture qu’à accompli l’auteure en ne prenant pas de pincettes, où de chemins détournés pour alléger le côté sensuel et torride de l’histoire qui ne fait que mettre en lumière quelque chose qui n’est pas monté de toute pièce pour une histoire. Un mot pour une situation, un sentiment ou un acte ; et pas un autre. Elle s’est fixée un but ; elle y est allée direct. Elle jongle entre amour et haine, entre force et fragilité, entre retenue et lâcher-prise. Et démontre que de l’obscurité à la lumière, le fossé n’est pas si grand.

 

Le libertinage est un sujet tabou et qui doit être abordé avec beaucoup de précaution ; car beaucoup de personnes trouvent ça malsain, limite assimilé à du porno. Il ne s’agit pas d’un univers fait d’orgies sexuelles à gogo, bien au contraire. C’est un art de séduction, parfaitement assumé, où chacun est à l’écoute de son corps, de ses désirs et à ceux de son/ses partenaires avec un même objectif : prendre et donner du plaisir au-delà de la morale conventionnelle, tout en respectant l’autre,  ses attentes et de son droit à dire non à certaines pratiques. Chacun a le droit de vivre sa sexualité comme il l'entend ! Personnellement, aucun problème de moralité n’accompagne cet art de vivre, dès lors qu’il est pratiqué comme il se doit. Et Estelle EVERY l’a, selon moi, parfaitement traité et mis en valeur dans ce 1er tome que j’assume, parfaitement, avoir adoré !


07/05/2020
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Eternità / Elodie SOLARE

Le saviez-vous ? C'est à l'occasion du dernier Festival New Romance que le choix du prénom du personnage masculin a été soumis à un vote :

 

Jimmy ou Alexis ?

 

C'est ce dernier qui l'a emporté et heureusement ! Jimmy était moins sexy (ça fait plus mécano américain qu'agent secret :-D) et après avoir lu l'histoire, Alexis est parfait :-)

 

 

Le titre aswww.kizoa.plcollage_2020-03-17_13-27-22.jpgsez chantant de ce roman – sûrement le petit accent sur le A - et la couverture oh combien magnifique m’ont poussé à en découvrir son résumé. Ce trio parfaitement soudé a fini de me convaincre de plonger dans cette histoire vraiment complète.

 

J’avoue, qu’habituellement, je ne suis pas trop lecture où il y a une romance associée à une intrigue. J’ai toujours peur de me perdre en cours de lecture et de passer à côté d’une partie de l’histoire. Mais là, je me suis quand même lancée.

 

Un moment d’égarement et voici comment toute une vie peut basculer et être remise en question. C’est malheureusement ainsi que la rencontre avec Alexis, séduisant garde du corps, a lieu dans le dernier roman paru sous la plume d’Elodie SOLARE. Un premier chapitre qui commence tout en douce chaleur pour aboutir à une sombre fin. Le début d’un changement de vie obligatoire pour Alexis.

 

« J’aurais dû me barrer à l’aube. Car c’est le jour de trop »

 

J’ai tout de suite accroché à l’histoire d’Alexis, mystérieux et sexy BG (BodyGuard). Dans ce métier à risque, tout peut arriver : le bon comme le mauvais. Lorsque le pire arrive et que son employeur le met à pied, Alexis a de la ressource même si un échec n’est jamais facile à vivre.

 

Engagé, par un prestataire privé, pour la protection d’un candidat à l’élection présidentielle, Georges GUIDICELLI vivant à Paris mais originaire de l’Île de Beauté, Alexis va se promettre de ne pas commettre les mêmes erreurs. Plus rien, ni personne, ne devra le détourner de sa mission.

 

Sauf qu’il va être affecté à la protection de Letizia, fille unique du candidat ; ce qui ne va pas forcément faciliter sa tâche. Surtout lorsque leur première rencontre va se dérouler sur un énorme malentendu.

 

« L’homme devant moi est celui qui occupe chacune de mes pensées depuis les dernières vingt-quatre-heures »

 

Lorsque le pire scénario se produit, la fuite est-elle la seule issue possible ?

L’histoire ne risque-t-elle pas de se répéter ?

 

Alexis fait partie de l’élite des BodyGuard. Meurtri et culpabilisé par une enfance trop tôt interrompue, il est dévoué à son métier, sa seconde famille. Il est droit, méfiant, très professionnel et ne recule devant rien pour mener à bien la protection des personnes qui lui sont confiées. Tout au long de l’histoire, un certain mystère l’entoure ; force est de reconnaître qu’il ne se confie pas facilement et que l’auteure entretient parfaitement les zones d’ombre le concernant. Il a un sang-froid à toute épreuve (ou presque !), il s’exprime avec une facilité déconcertante associée à un certain répondant.

 

« Votre père et son staff m’ont donné carte blanche pour mater la petite merdeuse désobéissante que vous êtes »

 

Et ça n’est sûrement pas auprès de Letizia qu’il va s’épancher sur ses blessures du passé. Jeune femme de 22 ans, au sang corse – ça a son importance de le souligner - , issue de la jeunesse dorée parisienne, ayant fréquenté les meilleures écoles à l’étranger et n’ayant pour autre préoccupation que les soirées dans lesquelles elle oublie sa solitude, à coup de substances illicites et dangereuses que lui fournit de manière « bienveillante » son « ami » Fabien, pédant, hautain et vulgaire aristocrate aux desseins plus que douteux. Elle a un caractère tempétueux souvent en conflit avec l’autorité quelle qu’elle soit et elle est très souvent provocante dans ses propos – les filtres ont oublié de se poser sur sa jolie bouche -.

 

« Ca sent le mec qui va se démerder tout seul pendant que je sors manger des sushis au Benkay »

 

Letizia n’a de doré que son statut social tant son cœur est sombre. La première impression d’elle n’est malheureusement pas positive : superficialité est le premier mot qui me serait venue pour décrire cette « gosse de riche pourrie gâtée ». Gâtée d’une certaine manière par un père trop souvent absent mais loin d’être gâtée par une mère que personne ne pourrait lui envier. Au personnage, haut en défauts, de Stéphanie, je n’ai malheureusement pu trouver de qualités. A croire que l’auteure s’en est donné à cœur joie avec elle. Entre Fabien et elle, ça envoie du lourd côté personnages peu recommandables.

 

« J’ai pensé que sauter un repas ne te ferait pas de mal, j’ai préféré ne pas te réveiller »

 

Elodie SOLARE signe là un vrai roman où tous les ingrédients sont réunis pour être accro. A peine quelques heures pour le lire, sans pouvoir le lâcher. Alors c’est vrai, qu’à première vue, on pourrait se dire : mais comment peut-il y avoir romance ? C’est bien là tout le talent d’un auteur : la subtilité. Tout est une question de tension soigneusement orchestrée pour que les sentiments aillent crescendo. De la haine à l’amour en passant par l’agacement, rien n’est épargné à ce duo qu’on a plaisir à suivre. Certains de leurs échanges piquants  et chamailleries donnent lieu à de bons moments de sourire ou de rire.

 

« Allez manger tranquillement vos morceaux de poisson cru à cent euros les cent grammes et savourez-les bien. Car à partir de quinze heures vous ne pourrez plus vous grattez le nez sans que dix gars bodybuildés et leur pois chiche le voient à la caméra ».

 

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De Paris en passant par Nantes, Toulon et enfin le Maquis Corse, c’est un véritable périple qui nous emmène au cœur d’un dossier un peu classé « Confidentiel ». Solidement ficelée par l’auteure qui n’hésite pas à confronter des gangs sordides sur fond de machination financière ou politique, cette part de l’histoire apporte une intensité et une force non négligeables.

 

Rien n’est trop lourd dans cette enquête subtilement menée dans l’ombre, pour laisser une belle suite s’installer. Et pas moyen de lâcher l’affaire avant de savoir qui tire les ficelles de cette intrigue et ce qui va se trouver au bout de cette cavale trépidante, d’une intensité soutenue sur tous les plans. Lorsqu’en plus l’auteure met brillamment en avant la mentalité Corse, son dialecte, ses valeurs de sang et de la famille, le tout est une belle réussite.

 

Lorsque les failles de deux écorchés de la vie se rencontrent, l’histoire ne peut qu’être touchante. Rien n’arrive jamais sans raison et la cicatrisation des blessures du passé pourrait bien se trouver au bout de l’histoire. Pour la beauté de l’histoire, pour la belle sensualité et la sincérité de tendres scènes, pour la fluidité de l’écriture et pour la cohérence de ce parfait montage romantico-policier, il faut absolument découvrir Eternità et se laisser imprégner par tout ce que ce roman renferme.

 

« Mes yeux cherchent ceux d’Alexis et un frisson court le long de mon échine quand ses prunelles se soudent aux miennes sans un sourire »

 

 

 

 


17/03/2020
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Et puis soudain .... succomber / Laura S. WILD

Découverte il y a 2 ans avec son premier titre "My escort love" qui avait été un gros succès littéraire, Laura S. WILD revient avec une nouvelle série "Et puis soudain....". Véritable coup de cœur pour cette auteure, le premier tome de sa nouvelle saga qui s’intitule "Succomber" s'est tout naturellement retrouvé en bonne place dans ma P.A.L.

 

Et autant dire, que ça ressemble peut-être bien à un succès littéraire qui se dessine. Et pourtant, je reconnais que certains aspects de ma lecture m’ont laissé quelque peu songeuse quant au style choisi par l’auteure. Comme si elle avait choisi la facilité par moments.  

 

Dès le prologue, j’ai plongé dans l’inconnu. Un inconnu que j’ai imaginé sombre et douloureux et cela en à peine quelques lignes. Et puis soudain…. Je me suis retrouvée à faire connaissance avec Amalia, femme-enfant de 23 ans (Lia pour les intimes) qui s’épanouie dans son métier de décoratrice d’intérieure et son duo d’amis choc, Matt et Chris avec qui elle vit. Matt qui a une attirance plus forte pour la gente masculine que féminine est propriétaire de deux centres sportifs et Chris, fiancé à Stella est un photographe renommé qui a fait fortune.  

 

Au travers de ces trois personnages indissociables, le thème fort de l’amitié indéfectible, qui les unit, domine ; amitié qu'une personne extérieure au clan qu’ils forment, ne peut pas comprendre. Et lorsqu’au détour d’une soirée d’expo photographique le chemin de Lia va croiser celui du charmant, énigmatique et tenace Robin, la complicité du trio pourrait bien être mise à l’épreuve.

 

Est-ce qu’une amitié qui s’apparente plus à de la fraternité peut résister à cet imprévu qu’on appelle l’amour ?

Et comment arriver à se créer un futur serein lorsque le passé de ces trois amis semble si chargé en souffrance et en émotions ?

 

Dans cette histoire que je qualifierais de surprenante, les personnages sont de tempéraments assez différents. Chacun a ses qualités mais heureusement ils ne sont pas parfaits. Et certaines de ces imperfections peuvent faire râler comme à chaque fois qu’on les croise dans une histoire.

 

J'avoue que j'ai trouvé le personnage de Chris vraiment poussé ; très présent dans l’histoire, un peu trop envahissant et avec des actes ou paroles trop dans l'excès ou dans la dureté. Et par contre, j'ai trouvé que Matt était trop en retrait. De caractère plus posé et réfléchit, c’est un personnage attachant qui aurait mérité plus d’attention. Cependant, un point commun les unit : ils sont surprotecteurs lorsqu’il s’agit de Lia. Mais lorsque les dessous de leur histoire sont dévoilés, les choses deviennent plus claires et il s'avère que, bien plus que des amis, ils composent bel et bien une famille.

 

« Ne m’abandonne pas tout de suite. Tu as encore le temps. J’aime savoir que je suis le seul homme de ta vie… pour le moment »

 

Lia quant à elle est un personnage fort et fragile à la fois. Arrachée trop tôt à l’amour de ses parents, elle a dû survivre avant d’apprendre à vivre vraiment. Elle est déterminée, impulsive – un peu trop parfois – et elle a cette naïveté qui va la pousser à croire en une possible renaissance émotionnelle. Comme Chris et Matt, qui sont de réels piliers pour elle, elle est généreuse avec ceux qu’elle aime. Comme le dit si bien l’auteure, « elle pourrait être votre sœur ou votre amie ». Mais il y a une grande part d’ombre qui plane autour d’elle et c’est ce qui porte l’histoire, qui fait qu’on ne lâche pas cette lecture.

 

« On devait être trois pour que tout aille bien et ils m’ont laissée toute seule »

 

 

Sa rencontre avec Robin est assez déstabilisante autant pour elle que pour moi, lectrice. Ce qui m’a surpris c’est que les évènements s’enchaînent très rapidement ; trop de choses, le concernant, arrivent que ça en est un peu inquiétant. L’histoire m’a semblé trop lisse, trop classique. Je me suis dit « Il y a un truc pas clair » ; forcément, j’aime bien essayer de trouver la faille. Et puis l’auteure met le doute et à chaque fois je tombe dans le piège et toutes mes suppositions sont mises à mal. Avec des « Je t’aime, je t’aime plus » qui ne durent jamais bien longtemps ce qui paraît un peu bizarre, des personnages dont je ne vois pas l’utilité et qui pourtant sont  indispensables à l’histoire, des scènes touchantes ou poignantes, ce roman est addictif, ça je peux le dire sans hésiter. Même s’il y a pour moi quelques petites faiblesses sans gravité.

 

Enfin quand je pense que l’histoire est confortablement installée dans une certaine routine, n’est-ce pas là que l’auteure choisi de mettre un grain de sable qui va enrayer le système ? Eh ben si, et de quelle manière ! J’ai été surprise – et agréablement, bien sûr – par la tournure qu’a pris l’histoire mais aussi agacée de ne pas l’avoir vu venir.

 

Sous une plume habilement maîtrisée, tout en accompagnement musical f(une belle playlist, Laura S. WILD a parfaitement caché son jeu d’écriture. Telle une bombe en sommeil, ELLE lâche tout ; et d’un coup, les rouages parfaitement huilés mettent en place, les unes après les autres, les pièces de ce puzzle romanesque. Et quand les deux, tant redoutés, petits mots A SUIVRE apparaissent, je suis définitivement perdue dans des sentiments contradictoires envers l’auteure et ce qu’elle a osé faire en m’obligeant à attendre un mois pour avoir la suite.

 

Frustration est bien le terme dont je n’ai aucun doute après avoir refermé ce premier tome et Impatience pour découvrir la suite de cette histoire dans le second tome à paraître dans les prochaines semaines. Et dans lequel j’aurais vraiment plaisir à retrouver tous ces personnages si atypiques et attachants.

 


15/09/2018
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