Mille livres en tête

Mille livres en tête

Dernière danse / LouGane Rose

Auteure en auto-édition, découverte dans un tout autre genre, avec "A trois je vous aime", LouGane Rose est pleine de surprises. Elle revient avec un roman totalement différent de sa première création tout en conservant ce petit plus qui la démarque. Elle ose tout, même ce qui peut déranger – dans une juste mesure, entendons-nous bien - et elle a même osé me confier son 2ème bébé en Service Presse. Elle connaît mon style et ma franchise ; autant dire qu'elle n'a peur de rien. Un grand merci à elle pour tant de courage !

 

Dès le premier chapitre, comme un prélude primordial, on sait déjà que cette histoire  ne va pas nous lâcher, va nous poursuivre jusqu’à la dernière page. Mais de premier abord on ne sait pas vraiment à quel style littéraire s'attendre : suspens, romance, drame ? A vous de le découvrir !

 

On entre ici dans ce qui pourrait s’apparenter à un conte de fée des temps modernes du style de « La Belle & La Bête ». Vous me direz c’est déjà vu. Alors oui mais tout dépend comment le sujet est traité.

 

Il y a un magnifique, froid et imposant château, il y a une potentielle malédiction, il y a la Belle sous les traits de Nina, trentenaire au look garçonne et il y a la Bête sous le beau visage de Mr BATES, quadragénaire qui répond aussi au doux prénom d’Adam, veuf de surcroît et papa d’une adorable fillette au très beau prénom de Capucine. A cela, on ajoute une gouvernante, Mrs PETITCOTE que j’ai bien imaginée sous les traits d’une fée-marraine de Cendrillon et d’autres personnages qui, présents physiquement ou non, ont tous leur place légitime dans cette histoire. Certains vont même se révéler, malgré leur présence discrète, être le pilier de certains autres.

 

Cette histoire est construite sur la base de deux âmes meurtries et qui vont se rencontrer grâce à un personnage commun. Leurs passés respectifs ont comme des similitudes mais ils sont de caractères totalement opposés. Et sacrément opposés.

 

Nina a derrière elle un passif assez lourd ; faire confiance aux hommes ou les laisser la toucher lui est impossible. Plus qu’une âme meurtrie, elle se cache sous une apparence loin d’être attirante – comme pour passer inaperçue - et elle est, au plus profond d’elle-même, psychologiquement et physiquement blessée. Elle aime les enfants plus que tout et va rencontrer Adam BATES justement dans ce contexte de l’enfance.

 

« Elle est si petite, on dirait qu’on l’a empêché de grandir, une espèce de métaphore physique de son histoire »

 

Lui, Adam BATES, côté passif il a eu son lot aussi. Il est veuf depuis plusieurs années et père de Capucine, presque 6 ans qui a grandi dans un pensionnat en Suisse et dont il ne s’est jamais occupé. A l’occasion du retour de sa fillette chez lui, son chemin va croiser celui de Nina qu’il veut, elle et elle seule, pour prendre soin de sa fille. Pourquoi ne s’en occupe-t-il pas tout seul ? Toute la question est là ! Hormis le fait qu’il soit beau comme un dieu et très riche, il n’a pas grand-chose de plus qui pourrait attirer une femme (à moins d’être totalement vénale et en vouloir à son argent). C’est un homme à femmes, certes, mais sans attaches sentimentales, ni sexuelles. Une fois, une seule ; c’est sa règle. Arrogant, autoritaire, impulsif et impatient, soufflant le chaud et le froid, Nina va mettre les pieds dans un monde qui va lui réserver bien des surprises et déconvenues.

 

«Le froid c’est moi, le vrai moi, mais le chaud c’est elle…. Elle est mon chaud ! Dès qu’elle est près de moi, qu’elle me regarde, qu’elle me touche, sa chaleur s’infiltre sous ma peau et envahit le froid de mon cœur »

 

L'argent permet d'acquérir beaucoup de choses mais peut-il acheter le bonheur et construire une vie nouvelle ?

Et que peuvent s’apporter deux âmes aussi durement touchées l’une et l’autre si ce n’est que souffrance supplémentaire ?

 

Si j’avais trouvé le premier roman de cette auteure assez déstabilisant et pas tout à fait romantique – au sens où je le ressens -, cette nouvelle histoire est totalement différente. LouGane Rose a su ne pas reproduire le même schéma et m’a accrocher dès le départ dans une trame qui n’est pas classique et qui n’est pas cousue de fil blanc non plus.

 

Elle a su travailler en profondeur la personnalité de ses personnages et pour Adam, elle y a été assez fort. On peut comparer cette histoire à celle de Disney mais on peut aussi voir le personnage masculin comme un Dr Jekyll & Mr Hyde. Tellement imprévisible et changeant, le côté sombre de sa personnalité a été poussé à son extrême. On se demande même où l’auteure veut nous emmener avec un tel personnage qu’on ne peut que détester. J’ai détesté Mr BATES et j’ai vraiment aimé Adam. Au fil de la lecture, on ne peut que se rendre compte que l’auteure n’avait pas d’autre alternative. Et c’est tant mieux. Reste à savoir si sous l’obscurité d’Adam se cache de la couleur.

 

« Je suis un bon patron Nina, mais il ne faut pas essayer d’apprécier l’homme »

 

Pour Nina, elle a trouvé la juste dose pour en faire un personnage avec ses blessures et ses faiblesses mais une femme de caractère. Elle n’est pas agaçante, ouf. L’auteure aurait pu tomber dans le piège du personnage qui ne sait pas ce qu’elle veut, hésitante et chouineuse. Elle ne l’a pas fait (ou bien je ne l’ai pas ressenti ainsi).

 

Dans cette histoire où les personnages s’aiment et se détestent, des thèmes forts sont abordés. Afin de ne pas dévoiler le roman et ses dessous, je ne vais pas les détailler. Mais une fois encore, LouGane m’a surprise par la direction qu’elle a choisi de donner à ce nouveau roman. C’est osé mais rien de choquant bien sûr. Ca m’a juste interpellée et c’est là que je me suis dis « Tiens, voilà la petite touche ». Et surtout, elle a donné une place, pleine et entière, au personnage de la fillette. Souvent, ils sont relégués au second plan ; tel n’est pas le cas pour Capucine. Elle va avoir toute son importance dans la découverte du rôle de père par Adam.

 

"Une maman ça ne disparaît pas"

 

Mêlant présent et passé, alternant les interventions de Nina et d’Adam et associées à ça, des senteurs et saveurs qui apportent leur touche de douceur, les personnages évoluent sous nos yeux entre tendresse et déchirements. Le ventre se sert, la gorge se noue et l’émotion est bien présente. Et j’ai adoré la manière dont sont abordées les scènes intimes : toute en patience et en douceur, rien de trash ni de trop long. Le romantisme comme il se doit.

 

« Les yeux sont les fenêtres de l’âme. Je vois les couleurs de votre cœur à travers les vôtres »

 

Entre cœurs et esprits malmenés, secrets bien gardés, rancœurs soigneusement dissimulées, fantômes du passé omniprésents, scènes poignantes ou touchantes, l’auteure a su parfaitement associer tous les éléments qui font que ce livre montre la maturité qu’elle a acquis depuis son premier essai. L’écriture est plus assurée, de construction plus solide même s’il y a un petit quelque chose qui m’a interpellée et qui sur le coup m’a frustrée. Et je n’aurais pas été contre l’approfondissement de certaines scènes voire le rajout d’un ou deux chapitres. Mais je ne suis pas l’auteure et la suite de ma lecture me l’a vite fait oublier. Et lorsque l’épilogue, comme on en voit rarement, arrive, je dis BRAVO l’auteure. Toutes les suppositions que j’avais pu faire se sont effondrées. Et j’aime être surprise de la sorte.

 

Ce conte moderne, avec son lot de surprises, et tel une énigme à résoudre – rien que dans le titre tout d’abord -, est réellement un joli coup de cœur pour moi (eh non, ce n’est pas parce que c’est un Service Presse). Merci LouGane de m’avoir associée à cette nouvelle découverte ; ce fut un réel moment de lecture comme je les aime.

 

"Vivre sans elle me sera impossible, sur terre comme en enfer"

 



18/02/2018
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