Mille livres en tête

Mille livres en tête

Five / Marjynoname

Une fois nwww.kizoa.com_collage_2019-08-27_20-59-28.jpg’est pas coutume, je me suis essayée – contrainte et forcée – à un exercice de lecture pas commun pour moi. Lorsque j’ai reçu, en SP, le format poche de FIVE de Marjynoname, j’étais ravie car ça faisait longtemps que j’avais le format numérique, dans ma liseuse, sans avoir le temps de l’ouvrir. Et puis la couverture est tellement canonissime !

 

Petite parenthèse : C’est sur format papier que j’ai entamé cette lecture. Et dès lors, que de péripéties sont survenues ! Le livre était déjà bien avancé (les ¾ étaient lus) ; la chronique était déjà bien avancée aussi dans mon téléphone. En pleine préparation de mon déménagement qui approchait, le livre s’est malencontreusement retrouvé dans un carton. Et je n’avais pas qu’un carton ! No stress, j’ai continué à traiter mes quelques lectures en attente et dès que j’ai pu, je me suis rabattue sur la version numérique ; et me voilà reprenant tout au début. Sauf, que le sort s’acharnant, c’est ma liseuse qui a rendu l’âme. Et là, je n’avais plus aucun support. J’ai eu le grand bonheur qu’on m’offre une liseuse et j’ai pu reprendre très vite mais mon retard s’était accumulé.  J’ai donc terminé l’histoire pour rendre ma chronique qui était prête sur mon portable. Mais c’est sans compter sur la malchance. Mon téléphone s’est éteint et n’a plus voulu se rallumer. Et je n’ai rien pu récupérer. Et sachant comment je rédige mes chroniques, c’était donc un sacré handicap. Je suis restée une semaine sans téléphone, après ça a été presque trois semaines sans internet. J’ai traité au mieux tous mes SP et j’ai retrouvé mon format papier. Donc, j’ai repris entièrement la lecture ! Et le voilà enfin traité Rigolant

 

C'est dans un environnement pas du tout girly que je suis tombée, en coup de  rassurez-vous. Et ce titre que j'ai attendu si longtemps m'a donné du fil à retordre bien malgré lui. Marjy, je me souviendrai de toi longtemps ! Bienvenue dans un monde plus testostérone que paillettes où il va falloir dégainer un mental d’acier.


Merci à Fyctia, Hugo Poche et Célia pour cette descente dans des bas-fonds jamais explorés.

 

5 noms pour une vengeance ; voilà un prologue que je n’ai jamais vu aussi court mais qui donne tout de suite le ton. Avant de rencontrer Evy au détour d’une ruelle sordide et en très mauvaise compagnie, j’avais déjà un bref aperçu de son histoire passée. Un résumé qui en dit ni trop, ni trop peu, m’a permis de ne pas être surprise de la trouver dans un endroit glauque et pour la raison qui l’y amène.

 

Mais Evy sera-t-elle assez forte pour passer du statut de victime à ceux de juge et bourreau ?
Quand les traumatismes du passé brouillent les esprits, la découverte de l'amour permettra-t-elle de faire machine arrière ?

 

A 22 ans, Evy est une jeune femme qui a déjà un sacré passif émotionnel derrière elle et dès le départ, bien que le mode opératoire, échafaudé, soit sombre j’ai compris sa détermination. Elle a connu la violence et, même si 10 ans après elle la redoute encore, rien ni personne ne l’arrêtera. Pas même si cela doit lui coûter des efforts qu’elle envisage mais qui l’effraient. En la fillette apeurée qui sommeille en elle, le traumatisme de l'enfance est marqué au fer rouge. C’est donc sans appel.

 

« Que me reste-t-il à perdre ? Ma santé ? Ma vie ? Je sais ce que c’est de souffrir. Je n’ai pas peur »

 

Telle une mante religieuse qui veut attirer les mâles en sa toile vengeresse pour les dévorer, elle se révèle être très bien organisée et pourvue d’une belle assurance. Tout est réfléchi et tous les enchaînements semblent élaborés pour qu’il n’y ait pas de grain de sable.

 

« J’agite sous ses yeux un petit sachet plastique fermé avec un zip. Il contient une poudre blanchâtre. Pas beaucoup, mais suffisamment pour acheter cette vermine »

 

Des scènes tellement bien narrées la montre très bonne comédienne. A sa place, dans un monde pareil, je me serais fait grillée illico presto. Tour à tour manipulatrice tout en sensualité électrique, fragile sous des airs de femme-enfant ou dominatrice qui n'hésite pas à transformer les scènes hot en scènes torrides pour devenir maitresse de ses envies. Malgré ses différents visages, en amitié elle ne fait pas semblant. Elle est fidèle  au point de prendre le risque de perdre ce qu'elle a de plus précieux, en la personne de Clara, par amitié pour elle et par instinct de protection.

 

« Un court instant, je voudrais traverser cette rue pour voir si je pourrais connaître enfin ces sensations qui me font peur depuis si longtemps. Les papillons dans mon estomac, la sourde pulsation dans mon bas-ventre me laissent penser qu’avec lui, je pourrai peut-être y arriver »

 

Au jeu du « Un prêté pour un rendu », elle apparaît courageuse et froide ; mais elle n’est, malgré tout, pas à l’abri de craintes et doutes qui pourraient mener sa vengeance difficile à exécuter. Et aucun mantra ne suffirait  à arrêter la progression des fêlures d'une armure pourtant bien renforcée.

 

"Je ne peux pas l'embrasser, je ne veux pas"

 

Surtout quand, face à elle, il y a les « yeux couleur prairie » – bon, vert si vous préférez - de Noah alias Five. Et que le beau gosse, qui s'accroche comme un coquillage à son rocher, est celui qui sera le dernier de la liste à voir son sort scellé. Mais ça, il ne le sait pas bien entendu ! Le bougre va se révéler bien différent de ce qu’elle avait imaginé et ça ce n'était pas prévu dans les plans d'Evy.

 

« Je veux terminer par lui, car il m’a blessée plus qu’un autre. Pas dans mon corps, mais dans mon âme »


Mesdames, c'est à vous que je m'adresse là, car votre lingerie est en danger. Et c'est un euphémisme. Bad boy sexy, charmeur, macho, arrogant et sûr de lui,  il est aussi persévérant, patient,  courageux et téméraire ; si, si je vous assure. Surtout le passage "Sa langue humide et coquine vient me chatouiller le creux de la paume ». Quand on sait tous les microbes qui transitent sur les mains, c'est sacrément courageux :-D


Noah partage la narration avec Evy. Comme toujours, ça permet de bien cerner les personnages en se positionnant du point de vue de l’un ou de l’autre. Il s'est construit sur une erreur du passé qui se répercute sur son présent. Il supporte une relation difficile avec un père dans un seul but : retrouver quelqu’un qui lui est cher – non, je ne vous dirais pas qui -. Cette facette de l’histoire a, à mon avis, était un peu trop légèrement traitée. Ça m’a un peu frustrée surtout lorsque je suis arrivée à la fin. Mais je pense que c’était voulu par l’auteure pour ne pas alourdir l’histoire de base et en faire oublier l’idée première.

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Noah, par la force des choses, évolue dans un monde peu reluisant, c’est le moins qu’on puisse dire.  Des morceaux de son passé, pas nombreux mais judicieusement dévoilés au fil des chapitres, permettent de connaître le poids trop lourd à porter pour l’adolescent qu’il a été.  Et du coup, est-ce que l’affirmation qui dit « On a toujours le choix »  peut s’appliquer à lui ? D’autant que sa rencontre avec Evy risque bien de noircir encore le tableau en mettant à jour des histoires sordides. Il ne s'attend pas au revers d'une médaille peu glorieuse à cause d’une une promesse anodine enfantine qui va bouleverser des destins.

 

« Nous étions destinés à nous rencontrer, à souffrir ensemble, à blesser l’autre »

 

Dans cet univers où se côtoient drogues, prostitution, argent sale, corruption, règlements de comptes et j’en passe, Evy, même si sa mission est toute à son honneur, fait un peu pâle figure et j’avoue que certaines scènes m’ont laissé dans le doute sur son devenir. La plume captivante de Marjy fait qu’il m’a été impossible d’imaginer des plans de survie. Il suffit de manquer un petit détail et hop, peu de temps après c’est la surprise totale.

 

Sous le couvert d’une dark romance, Marjy a réussi là un premier essai très abouti. Cette histoire issue d’une « Stories by Fyctia » avait remporté un bel accueil en numérique et je comprends pourquoi. Le fait d’avoir lu les 2 versions, dans les conditions que vous connaissez, m’a permis de prendre conscience de tout le travail éditorial qui est fait avant que des pépites, telle que Five, arrivent dans nos mains. J’ai pu comparer les deux et c’est hallucinant. Bravo à l’auteur et à son éditrice Léa. Sacré travail d’équipe pour un rendu addictif.

 

Ce qui a failli être un rendez-vous manqué se transforme, haut la main, en un beau coup de cœur. Alors, si vous voulez débuter en Dark Romance ou ajouter un nouveau titre à votre liste, c’est FIVE qu’il vous faut. Il ne peut être autrement que vous succombiez à votre tour.



27/08/2019
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