Mille livres en tête

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The one I want / Fanny MYJANY

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Quelle merveilleuse et superbe histoire que "The one I want" de Fanny MYJANY parue en version numérique chez Harper Collins France dans la collection &h. Merci à Netgalley France et collection&h pour cette sublime découverte.

 

C'est sur la base d'un thème fort, poignant et malheureusement régulièrement d'actualité, que l'auteure a réussi avec beaucoup de talent et de sensibilité à créer cette histoire pleine d'émotions et de douceur.

 

C'est Joram, à peine 20 ans, que l'on rencontre alors qu'il cherche à fuir sa terre natale, la Syrie. Accompagné du seul membre de sa famille qui lui reste, sa sœur Aya 7 ans, il se prépare à vivre un exil long et éprouvant, sans savoir ce qui l'attend au bout du chemin et s'il parviendra à son but.

 

« Ma vie n’est qu’un vaste chaos. Le présent est décousu et l’avenir certain »

 

Après des milliers de kilomètres parcourus et plusieurs pays traversés la peur au ventre, c'est à Paris qu'il parvient enfin. Ses pas fatigués l'amènent à la porte d'une association où il est accueilli par Louise qui termine sa journée. L'heure tardive ne permettant pas de trouver un refuge pour sa sœur et lui, Louise, poussée par un sentiment inconnu, les emmène passer la nuit à la colocation qu'elle partage avec Rafa, Stan et Noodle.

 

« Hier j’ai su qu’il bouleverserait ma vie, quand je l’ai vu. C’a été instantané. Trop brusque même. Mon instinct m’a dicté de leur tendre la main alors que je n’ai jamais fait ce genre de chose »

 

Ce qui ne doit être qu'une nuit d’accueil va se révéler être le début d’un sentiment profond oscillant entre attirance et sentiment amoureux mais qui pourrait bien être malmené et compromis par la réalité d’une vie qui ne peut être ignorée.

 

Mais les lendemains incertains qui rythment la vie de Joram, lui permettront-ils de se reconstruire comme il l’espère ?

Et quel avenir peut être possible pour deux âmes blessées par des destins brisés sur lesquelles une épée de Damoclès plane ?

 

Au travers de ces parcours de vies chaotiques, Fanny MYJANY signe là une histoire pleine de réalités même si elles ne sont pas toutes roses. Le thème qu’elle a choisi d’aborder dans cette romance est tellement fort que le risque aurait été de lui donner une importance alourdissante.

 

Mais grâce à la plume toute en simplicité de l’auteure, il n’en n’est rien heureusement. Avec des mots simples, parfaitement adaptés aux situations et aux sentiments rencontrés au fil de la lecture, l’auteure maîtrise parfaitement le mélange fait de société/romance et permet ainsi de bien faire ressentir tous les sentiments qui traversent les protagonistes.

 

Joram est un très beau personnage que l’on sent vrai et sincère dès le 1er chapitre. La vie ne l’a pas épargné et c’est au cœur de cette vie en Syrie que l’auteure nous plonge d’entrée pour prendre toute la mesure de ce qu’il a vécu et de ce qu’il va vivre encore. J’ai vraiment aimé le fait que l’auteure débute cette romance par l’exil de Joram et sa sœur Aya qui veulent fuir l’enfer de la vie en Syrie qui leur a arraché leurs parents. Il n’y a aucune lourdeur dans ce choix d’écriture et j’ai vraiment apprécié toute l’humanité et la solidarité qui transparaît dans ces moments d’échanges. En mémoire de leur père, c’est à Paris qu’il espère se reconstruire après avoir tout perdu.

 

« C’est drôle comme on a besoin de se raccrocher à des choses aussi insignifiantes. Un mur, un ourson en peluche… Le plus petit élément encore debout après d’horribles moments semble nous rapprocher un peu plus du bout du tunnel et on se le dit tous : l’espoir est permis »

 

C’est justement à Paris que vit Louise, jeune femme solitaire mais pleine d’énergie pour qui a besoin d’elle. Un an ! Un an qu’elle s’est sentie trahie et qu’elle a choisi de tout quitter pour prendre un envol difficile mais nécessaire loin d’un environnement dont on découvre l’étendue au fil des pages. Tatouée et piercée, celle qui apparaît comme une jeune femme indomptée et indocile, au caractère bien trempé et à la répartie haute, est pleine de bienveillance et d’empathie envers ceux qui sont dans le besoin. Notamment dans l’engagement bénévole auprès d’une association venant en aide aux réfugiés. 

 

« J’ai envie de me barrer loin, de tout plaquer et de poser mes valises dans une vie où je pourrais tout reconstruire. Pour faire ce que j’aime, sans concessions »

 

La trame de cette histoire est très bien construite et structurée. L’auteure a parfaitement maîtrisé l’écriture de ce qui s’avère être une histoire pleine d’humanité dans laquelle la force des personnages est un vrai point fort. Fanny ne s’est pas risquée à ajouter de la noirceur dans un sujet déjà si sensible et j’apprécie quand l’écriture va à l’essentiel.

 

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Joram n’a plus rien, si ce n’est sa sœur, est pourtant il a une force mentale qui le porte pour s’en sortir : pour lui, pour elle. Il fait preuve d’une maturité qui lui a été imposée par des circonstances douloureuses et ça fait de lui un personnage magnifique qui tout au long du roman va faire de belles rencontres notamment avec des personnages secondaires tellement beaux.

A chaque chapitre, l’auteure est parvenue à me faire ressentir leurs peurs, leurs doutes, leur détresse face à un avenir plus qu’incertain mais surtout l’espoir qui anime le jeune homme et qui le maintient dans sa démarche.

 

« Il faut toujours tenter d’autres chemins. C’est la seule façon de ne pas se perdre »

 

Sa relation avec Louise sonne comme une évidence. Qu’est-ce qu’elle est belle et tant de douceur s’en dégage ! Même si leur parcours est semé d’embûches ou de contretemps, ils vont s’accorder le droit de vivre ce que la vie leur offre mais sans savoir quelle fin leur sera accordée. Tout est beau dans leurs gestes, leurs échanges, leurs paroles, leurs confidences ; tout ! C’est vrai que tout au long de cette histoire suspendue à de longues attentes, à des décisions incertaines et à des fantômes du passé qui ressurgissent, je me suis demandée s’il était possible qu’une fin comme je l’espérais pouvait avoir sa place. Ca je ne vais pas vous le dire bien sûr !

 

« J’ai l’impression de goûter l’interdit, de me tenir au bord d’une falaise et de flirter avec le danger. Et c’est plus fort que moi, je savoure la sensation de son souffle sur ma peau »

 

Fanny MYJANY a choisi un style que j’apprécie toujours et encore : la narration interne à double voix. Et là, selon moi il n’aurait pas pu en être autrement pour s’approprier l’histoire et tout ce qui la compose. Il aurait été impossible d’appréhender les passés respectifs de Joram et Louise et de comprendre leurs choix et leurs réactions. Ainsi, rien n’a été oublié et l’histoire est complète.

 

Sous des sujets délicats – surtout en romance -, l’auteure a su apporter de la légèreté avec les personnages secondaires des colocs de Louise. De très beaux moments de partage, avec une pointe d’humour parfois, jalonnent l’histoire et c’est une réussite. Mais aussi beaucoup de tendresse avec Aya, la petite sœur de Joram. Quelle beauté que ces passages où elle apparaît et intervient ! Quand il y a des enfants, ça matche toujours avec moi mais là mon cœur s’est parfois serré tellement c’était beau et tout en émotion.

 

Je ne connaissais pas cette auteure et je suis plus qu’heureuse d’avoir pu la découvrir au travers de cette histoire pleine de véracité à tous points de vue. Même si je ne trouve pas la couverture et le résumé spécialement adaptés à ce qui attend la lectrice, c’est un très beau coup de cœur que je ne peux qu’attribuer à ce roman qui m’a conquise tant par son contenu que par la plume sûre et maîtrisée de l’auteure. Et je vous souhaite de vous laisser porter de la même façon par cette histoire. Très belle lecture !



26/08/2021
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