Mille livres en tête

Mille livres en tête

Mon Univers #1 (All In) / Emma SCOTT

www.kizoa.com_collage_2019-08-21_19-41-56.jpg"Je t'aimerais pour toujours si seulement j'en avais la chance"

 

Séduite au premier coup d’œil par une couverture sublime, le résumé n’a eu aucun mal à me convaincre de me plonger dans l’histoire de Jonah et Kacey, deux artistes chacun dans leur domaine et deux êtres marqués à jamais. Deux personnages pour une seule et unique histoire bouleversante.

 

Merci à NetGalley et Juno Publishing pour cette magnifique rencontre !

 

C’est tour à tour que j’ai rencontré les deux personnages principaux de cette histoire. En commençant par Jonah, 26 ans, à qui l’auteure a choisi de faire vivre une épreuve des plus terribles : la transplantation cardiaque avec tous les aspects que cela comporte. Mais attention : ce livre n’est pas une suite discontinue de termes médicaux ou de situations larmoyantes. C’est bel et bien une romance parfaitement menée par son auteure.

 

Jonah, est un jeune homme qui aimait et était aimé, avait des rêves et des projets plein la tête et de l’or dans les mains. Créateur de talent le jour, il est chauffeur de limousine le soir. Au moment de le rencontrer, la vie ayant décidé de compter ses jours, il ne reste malheureusement plus que sa famille et très peu d’amis et son talent de créateur sur verre ; les rêves, il ne semble plus en avoir, sauf un : la création qui laissera, de lui, une trace indélébile.

 

De premier abord, Jonah a une vie bien rangée et bien réglée comme une horloge. Il n’y a pas de place pour la perte de temps même s’il est toujours là pour ses proches dont il fait passer le bonheur avant le sien. Il peut apparaître comme un personnage un peu « plat », sans attrait, qui n’a plus rien à perdre, dont, rien et ni personne, ne pourrait ébranler le quotidien bien ordonné. Mais attention aux apparences car, même dans les plus sombres moments, j'ai adoré ce personnage  vrai, sincère et touchant. 

 

« Mon univers s’était réduit chaque jour un peu plus à un monde uniforme et gris jusqu’à ce qu’elle jaillisse littéralement projetant lumière et couleurs tout autour d’elle »

 

C’est à l’occasion d’une soirée au Pony Club de Vegas qu’il va faire la rencontre de Kacey, jeune guitariste talentueuse de 22 ans au sein d’un groupe en pleine ascension, Rapid Confession. Je ne vais pas dire que, lorsqu’elle monte dans sa limousine, la jeune femme est au mieux de sa forme, après une soirée plus que bien arrosée, mais qu’importe : cette rencontre pourrait bien être celle de toute une vie, de leurs deux vies.

 

« Je ne le savais pas alors mais c’est à cet instant précis que ma vie, le peu qu’il m’en restait du moins, commença »

 

La première impression que donne Kacey, c’est qu’elle n’est pas à sa place dans ce groupe ; elle semble être juste là par reconnaissance envers son amie Lola qui, 4 ans auparavant, a été là pour elle lorsque sa vie était au plus bas après un désaccord familial qui semble irréversible. Sa vie ne se résume qu’à une chose : l’alcool qui est finalement devenue sa meilleure amie, un peu comme une protection. Et pourtant, du talent elle en a : elle écrit des textes, compose des musiques et joue son art avec brio et chante divinement bien. Mais elle n’est pas complète. Au-delà du strass et des paillettes, elle nie les évidences et se ment à elle-même. Et au fil des pages, il ne peut être autrement que de faire le lien avec son passif familial douloureux et un manque certain d’amour.

 

« Je ne ressentais presque rien sauf le besoin tenace d’être aimée. Comme une faim jamais rassasiée en moi. Un besoin avide enfoui au plus profond de moi, noué à mes tripes »

 

La rencontre qui va voir lieu entre ces deux êtres est peu commune et tout ce qui va en découler l’est encore moins. Pour Jonah qui ne veut pourtant plus faire entrer qui que ce soit dans sa vie et pour Kacey qui est perdue, elle va se faire patiemment, tout en douceur ; comme une évidence entre eux. Un peu comme les pièces d’un puzzle qui s’emboîtent parfaitement. Et lorsque le voile enfin se lève pour laisser passer la lumière, même si le destin est inéluctable, avec un compte à rebours que j’aurais aimé stopper, quelques minutes suffiront à tout remettre en question ; à se remettre en question. Et là, je parle autant pour les personnages que pour la lectrice devant son roman.

 

A défaut de se refermer, les plaies du passé pourront-elles s’atténuer ?

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Emma SCOTT, que je ne connaissais pas avant cette lecture, à cette plume touchante qui fait que je suis sûre de rentrer très vite dans une histoire. Elle ne donne pas de faux espoirs à ses lectrices ; elle expose les choses telles qu’elles sont. Bien sûr, tout ce qui touche à la maladie n’est jamais facile à lire mais dès lors que l’auteure sait éviter les pièges d’une écriture trop lourde, il n’y a aucun malaise.

 

Bien au contraire, j’ai beaucoup aimé le fait qu’elle ait associé la noirceur du destin de Jonah à l’explosion de couleurs de son art. J’ai trouvé que ça allégeait l’histoire et surtout que ça amenait une belle touche de poésie. Tous les passages liés au travail du verre, que j’ai apprécié tout au long de l’histoire, sont une véritable invitation à faire travailler l’imagination.

 

L’auteure a su créer des personnages loin d’être parfaits, avec leurs défauts et leurs qualités. Des personnages forts et fragiles à la fois. L’opposition entre l’affaiblissement physique de Jonah par la maladie et la force mentale qui lui permet de mettre toute son énergie dans son projet porte, en grande partie, l’histoire de ce combat contre le temps. La narration a deux voix permet de vivre leur évolution, de voir comment ils s’ouvrent les uns aux autres, de partager leurs joies, leurs peines, leurs moments d’espoir ou de doute et de voir l’impact des actes de l’un sur l’autre (et inversement).

 

« J’ai essayé de garder mon cercle bien fermé, de suivre ma routine…. Mais tu as réussi à entrer tout de même »

 

Et surtout de voir la communion et la tendresse qui les unit tous, notamment pour ce qui concerne Jonah. Car sincèrement, je n’ai pas vraiment compris la place qu’avait Lola, celle que je pensais être la meilleure amie de Kacey. Elle est là sans être vraiment là et surtout pas dans les moments où Kacey aurait le plus besoin d’elle et de son soutien. Bien sûr, ça n’entache rien la qualité de l’histoire ; les autres personnages rattrapent largement ce petit point négatif. Le personnage qui m’a quand même le plus surpris étant Théo, le frère de Jonah. Un vrai beau personnage sous des apparences qui pourraient être trompeuses.

 

Dans ce roman il y a de l’amour et de la souffrance, il y a des larmes et des rires mais surtout, et c’est tout de même le plus important, il y a un très beau message : au-delà de la mort, de la douleur et des larmes, il y a des millions et des millions de beaux moments que rien, ni personne ne peut effacer. Et il peut y avoir, à nouveau, la vie, l’apaisement et les rires. Peut-être est-ce le contenu du second tome de cette série ALL IN que je ne manquerais pas de découvrir après avoir laissé retomber les émotions ressenties lors de ce premier tome.

 

Car  je suis ressortie bouleversée de cette lecture sublime et poignante, bien entendu, mais avec le sentiment qu’il vaut mieux vivre intensément une histoire éphémère que de vivre, à jamais, avec le regret de ne pas lui avoir donné une chance, aussi infirme soit-elle.

 

« Les amants ne se rencontrent nulle part, ils sont toujours l’un dans l’autre »



22/08/2019
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