Mille livres en tête

Mille livres en tête

Mutine / Alexia DEAFLY

Lorsque ce Service Presse m'a été proposé, j'ai longuement réfléchi. Je ne me sentais pas capable de traiter un sujet qui me touchait, en partie, de près ; je craignais d'être vraiment affectée.

 

J'ai lutté, oui je jure que j'ai lutté pendant quelques heures et j'ai faiblis. La couverture était sublime, l'auteure est toute nouvelle dans le monde littéraire et l'histoire, un peu comme le chant des sirènes, m'a attrapée en son coeur. Un je ne sais quoi à obligé mon doigt à appuyer sur le petit bouton "Envoyer".

 

L'enveloppe aussitôt ouverte et d'un simple effleurement de la couverture, quelque chose me liait déjà à cette histoire.

 

Et me voilà entrant, à mon tour, dans le cercle très fermé de "The Silence", alcôve de l'érotisme suggéré, paradis des sens et des plaisirs charnels assumés et partagés.

 

« Cette nuit encore, ici, il y a eu ce silence si empli de sens, mais aussi des murmures, des gémissements, des cris, des fantasmes assouvis, des mots d’amour et des promesses prononcées. Les gens ont pu être qui ils voulaient pendant quelques heures ».

 

A sa tête, Mutine, voluptueuse et sublime femme avec une double vie. Mère de 2 enfants, enfermée dans une bulle, elle vit dans le souvenir de son mari brutalement disparu 2 ans auparavant, l'autre moitié d'elle-même. Installée dans une confortable situation professionnelle le jour (avec un vrai prénom), elle devient, cachée sous un masque, une déesse de l'amour la nuit tombée. Ici aucun jugement mais une seule règle pour Mutine : « Le silence est d’or ».

 

« Le destin avait décidé de t’arracher à moi, de me faire perdre l’homme de ma vie, le seul que j’avais aimé »

 

Pour l'épauler, il y a Manu, comptable du club, son meilleur ami et très accessoirement sex-friend. Personnage à la sexualité ambiguë, haut en couleur, il est un des personnages phare de cette histoire. Je m'y suis attachée instantanément ; peut-être parce que j'adore le rose !

 

Et puis, il y a tous les personnages qui gravitent autour :

- Célia & Nathan, les enfants de Mutine, ses piliers et la force qui l'aide à continuer

- Nathalie & Philippe, couple en détresse intime qui, grâce au club va explorer des plaisirs qu'ils pensaient éteints et s'initier à l'arts des fantasmes enfin assouvis.

- et bien d'autres qui apportent leur touche tout au long de l'histoire.

 

Combien de temps encore Mutine restera prisonnière de cette bulle qui peut à tout moment éclater ?

 Du fantasme à la réalité, tous les rêves sont permis.

 

Très souvent, les auteures choisissent une histoire à 2 voix. Là, c'est sous la forme d'une histoire à 5 voire 6 voix qu'Alexia DEAFLY a choisi de nous faire partager le désespoir émotionnel de cette femme et sa possible renaissance sexuelle et amoureuse. Et j'ai trouvé ça vraiment bien pensé même s'il y avait un risque que ça perturbe la lecture. Pari risqué qui ne m'a pas dérangé du tout, bien au contraire. Toute la cohérence et la force de l'histoire reposent sur ce choix judicieux.

 

Le sujet traité ici, sous une forme érotique, est un sujet bien réel : comment peut-on envisager une autre vie après le départ de l'être aimé ? A-t-on le droit de penser être heureuse à nouveau sans culpabiliser ? Cette histoire n'est pas véritablement une romance mais bien l'histoire de la reconstruction d'une femme meurtrie. Un livre de ressenti pour qui le comprend et qui le vit.

 

"Nous n'avons qu'une âme soeur, et j'ai perdu la mienne"

 

Et ce sujet est parfaitement illustré par des scènes poignantes et très fortes magnifiquement écrites. On y retrouve des gestes, des pensées, des actes qui semblent anodins, des craintes justifiées ou des paroles prononcées que seul(e)s peuvent comprendre ceux/celles qui ont vécu une telle perte.

 

Tout en sensualité, ce livre nous dévoile une Mutine qui pour survivre, fait revivre son mari et les gestes qui lui donnait ce plaisir, à jamais perdu. Elle se refuse à franchir certaines limites mais ne refuse pas le plaisir aux autres, tout un art en ce qui la concerne. Comme un sentiment, pour moi, qu'au travers de certains personnages, Mutine voit comme un prolongement ou une renaissance de son histoire trop tôt achevée. Comme pour ne pas oublier qu'elle a été follement aimée et qu'elle a aimé follement en retour.

 

« Ce soir, j’apporterai du plaisir aux autres, mais je n’en aurai aucun. Ce soir, pendant quelques heures, je maîtriserai tout »

 

Un point qui m'a vraiment touchée c'est le lien très fort qui les unissait. Je m'en suis voulue de n'avoir pas eu l'idée de ce symbole qui peut traverser bien des décennies. Si seulement ce livre était paru quelques mois plus tôt.

 

L'atmosphère de ce roman peut laisser penser qu'on va entrer dans de l'érotisme pur et dur et dans du voyeurisme. On n’évolue pas dans un environnement  malsain. Bien au contraire, l'auteure n'est pas tombée dans ce piège ; tout est douceur et sensualité dans un contexte où ça n'est pas forcément le cas. Un peu comme des ballets qui défilent sous nos yeux, certaines scènes sont un vrai plaisir à lire. Christian GREY n'a qu'à bien se tenir en comparaison.

 

Quand on traite, en chronique, ce type d'histoire – où les avis seront très partagés certainement - et qu'on pourrait oser dire que les émotions nous ont submergées, le risque est de passer pour une "folle". Les personnes qui peuvent penser ça, qui sont-elles ? Ont-elles déjà vécu une telle perte ? Je ne pense pas. En amour ou dans tout autre domaine, quand on ne sait pas, on  ne peut pas vraiment comprendre.

 

Sans avoir à en rougir, j'ose dire que j'ai été submergée par pas mal d'émotions à la lecture de cette magnifique histoire. Peut-être les âmes bien pensantes diront que je ne suis pas objective, trop impliquée et que mon jugement est faussé. L'objectivité c'est justement d'être capable de comprendre et ressentir une telle écriture au travers de son propre vécu. Et de le partager. Ma gorge s'est serrée souvent ; les larmes ont coulé énormément. Comme une impression que, tel un regard dans un miroir, l'histoire de Mutine était le reflet d’une partie de ma propre histoire. Comme si l'auteure avait posé ses mots sur mes propres maux. Alors entendons-nous bien : ce n'est pas une histoire qui fait pleurer. Ça c'est vraiment propre à moi, un peu comme une confession intime de vous à moi.

 

Ce roman est donc une vraie révélation qui fait du bien. Il m'a déchiré le coeur certes mais il a apaisé mon esprit sur certains points. C'est certain que le chemin vers une reconstruction existe, il est long mais il n'est pas sans issue.

 

Alexia DEAFLY, Fyctia et les Éditions Blanche, merci de m'avoir accordé votre confiance en me proposant cette histoire qui est un vrai coup de coeur pour moi. Et merci à ma moitié, mon autre, même s'il n'est plus près de moi, pour avoir construit notre histoire de manière aussi fusionnelle, si ce n'est plus, que celle de Mutine et Paul.

 

"Quand on aime, on ne devrait jamais avoir à faire semblant, à jouer un rôle"

 



20/02/2018
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