Mille livres en tête

Mille livres en tête

So what ? / Lou MARCEAU

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L'amour n'a pas d'âge ; l'amour ne connaît pas les frontières. L'amour n'est que l'amour. Qu'on se le dise !

 

Ça faisait des mois que cette bande d'amies déjantées préparaient THE voyage de l'année destination Les Caraïbes. Lors d'un de leurs nombreux échanges WhatsApp, Pauline annonce qu'elle est enceinte et Alexandra, que son compagnon depuis 16 ans, vient de la larguer. Peu importe : on ne change pas les plans, elles partiront toutes : Alex, Belinda, Jo, Justine, Pauline et Gwen ! La solidarité féminine dans sa plus belle représentation. Une pour toutes et toutes pour une.

 

Quoi de plus gênant que le moment où l'on rencontre Alexandra et ses amies sur une plage des Caraïbes ? Je ne sais pas mais il donne le ton à cette histoire qui s'annonce haute en couleur et en bonne humeur.

 

Un quiproquo de taille qui répond au doux et chantant prénom de Leandro, lance les festivités pour une histoire anti-morosité. Puis, un retour dans le passé pour appréhender cette bande de copines, histoire d'être préparées et ne pas penser être prise d'hallucinations comportementales. Et enfin l'aventure peut commencer. Bienvenue dans les Caraïbes où le soleil ne sera pas le seul à être caliente.

 

« Croix de bois, croix de fer… Putain, j’arrive en enfer »

 

Sous prétexte de remonter le moral d'Alexandra, qui s'est sentie humiliée lorsque Louis l'a quittée, notre joyeuse bande d'amies débarque, sans aucune discrétion, sur cette féérique île des Caraïbes. Non sans nous avoir déjà régalées par leurs péripéties pour arriver à bonne destination. Seul mot d'ordre : ne pas perdre de temps et profiter de leur vie de célibataires pour une semaine. Et surtout, tout faire pour "offrir du bon temps" à Alexandra.

 

« My friend name is Alexandra. And (son sourire est celui du chat sadique d’Alice au pays des merveilles), you know what ? She is single »

 

C'est les pieds dans le sable et un cocktail (ou plusieurs, allez savoir) à la main, que leur dévolu va se jeter sur un bellâtre aussi sexy que sa peau est dorée comme les blés oubliés au soleil. Et comble du bonheur : il ne parle pas français ! Autant s'en donner à cœur joie ; ça ne prêtera pas à conséquences.

 

L'appollon en question, Leandro, se demandait déjà, avant qu'elles arrivent, ce qu'il fait dans ce coin des Caraïbes, si ce n'est que pour faire plaisir à son paternel. Il voulait juste profiter et qu'on l'oublie. Et oublier la cruelle perte qu'il a subi il y a quelques mois.

 

« Une volière. Je suis dans une putain de volière et ma tête va exploser si ces perruches ne cessent pas »

 

Avec la bande de joyeuses luronnes aux blagues déplacées mais hilarantes et multi allusions en-dessous de la ceinture, son envie de tranquillité semble fortement compromise. Et son besoin d'oubli a de grandes chances d'être satisfait (ou pas !), lorsqu'il va croiser le regard d'Alexandra qui ne croit plus ni en elle-même en tant que femme presque quadra, ni en l'amour surtout avec un petit jeunot même pas trentenaire.

 

« Eh bien, je classe les bites. Et je précise que je fais les choses bien, vous me connaissez : j’ai même une sous-catégorie « glands », Mesdames »

 

Mais pour conquérir la belle, tel un chevalier en armure (sans rien sur le dos c'est encore mieux !) sur son cheval blanc, il va devoir abattre sa carte secrète, qui pourrait bien ne pas avoir la valeur espérée. Ça passe ou ça casse.

 

Lorsque la tornade des trentenaires françaises passe, il faut espérer que rien ne trépasse sur cette île dont la tranquillité va être perturbée. Et que cette bande d'amies délurées, bien décidées à s'éclater sans maris ni enfants, ne soit finalement, qu'un mal pour un bien pour qui croisera leur route.

 

L'âge doit-il toujours être une excuse pour se refuser un droit au bonheur et à vivre pleinement ses rêves et ses envies ?

Leandro, ne dit-on pas après la pluie vient le beau temps ?

 

Annoncée comme la romance de l'été, So What fait entrer Lou MARCEAU par la grande porte de l'équipe Hugo New Romance. Même si elle n'en est pas à son coup d'essai, il est agréable de la découvrir avec ce titre, certes court mais oh combien percutant.

 

Clairement, on peut dire qu'elle ne s'est posée aucune limites pour cette œuvre qu'on peut imaginer autobiographique. Qui n'a pas rêvé de lâcher prise en allant s'éclater à l'autre bout du monde. Qui plus est avec une bande d'amies, bien dans leur temps et dans leurs baskets,  prêtent à tout pour en faire un séjour inoubliable (et mémorable !). Le ton de cette histoire est, sans nul doute possible, à l'humour et à la dérision. On a qu'une vie, autant se donner à fond sans craindre le ridicule et en assumant ce que l’on est.

 

« Pissing dog’s posture ! Je suis donc en train de lever consciencieusement la jambe droite, comme si j’étais un chien qui s’apprête à uriner, en essayant de me convaincre que ça va transformer mes capitons en postérieur de mannequin lingerie »

 

C'est bien ce qui est prévu pour cette joyeuse bande menée par l'incorrigible et déjantée, Belinda. Dès qu'on la rencontre, on se dit "Mazette...". Celle qui n'a pas eu l'option "filtres" à la naissance est, sous ses airs décalés, l'amie à avoir dans son répertoire. Elle n'a peur de rien et porte l'histoire en entraînant ses amies dans son sillage atypique. Et elle va être sur tous les fronts et de toutes les combines, bonnes ou mauvaises, pour ne pas laisser Alex, se morfondre sur son âge "avancé" et sur son célibat non voulu.

 

Car Alex est une jeune femme touchante et attachante qui tente de se relever d'une romance qui a pris l'eau. Ses amies l'aiment et elle leur rend bien. Dans la retenue par rapport à ses amies, se reconstruire n'est pas chose facile et c'est dans son métier de styliste talentueuse qu'elle se donne à 1000%. Obnubilée par son âge, celle qui se croit bonne pour être mis au rebut, se souviendra longtemps de cette petite île paradisiaque des Caraïbes. Mais ce qui se passe sur l'île doit rester sur l'île ; elle n'a plus l'âge pour les amourettes de vacances larmoyantes au moment de la fatidique séparation.

 

« Il est formidable si tu es la petite chose fragile dans ses bras et que tu as 23 ans. Beaucoup moins quand tout le monde voudrait savoir combien tu le paies pour qu’il couche avec toi et que toi, tu te demandes s’il a remarqué que tu as la peau beaucoup moins satinée qu’à vingt ans »

 

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Mais face à elle, Leandro n’est pas du même avis ; il n’est pas un jeune minot et sa conception des rencontres de vacances est totalement différente de celle d’Alex. Le bonheur peut être au bout de l’aventure. Déterminé sous son regard brûlant, il est le personnage au caractère essentiel à cette histoire. Impossible de ne pas craquer devant tant de séduction, de détermination et de maturité. Et beaucoup de sex appeal aussi. J’ai adoré le quiproquo bien imaginé et la façon dont son personnage en use, et en abuse, pour un plaisir de lecture décuplé.

 

« J’ai envie de te prendre maintenant, puis toute la nuit, de toutes les manières possibles, comme je n’ai jamais eu envie de prendre une femme »

 

Même les plus réticentes et moins téméraires vont se prendre au jeu de "Il faut sauver Alex". Des idées créatives cocasses parfois loufoques et osées, des dialogues et réparties d'une saveur très soutenue et une ambiance où la légèreté est sans limites.

 

« Je lui ai parlé d’Alex. Je lui ai dit qu’elle était célibataire. Et que, en vacances, c’était une grande consommatrice de mecs, jamais rassasiée et chaude comme la braise »

 

Cette histoire est digne d'une comédie romantique américaine où le casting des personnages principaux et secondaires mériterait une récompense. Pas un personnage n'est à mettre de côté. A  sa lecture, mon esprit s'est égaré vers le film "Mamma Mia" pour la bande de copines de Meryl Streep. Moins nombreuses mais le même sentiment quant à leur caractère et à la force de leur amitié. Et dans le rôle de Belinda, je verrais bien Jennifer Aniston. C'est une actrice de comédie parfaite.

 

J'aime cette ambiance sans prise de tête que l'on trouve dans So What. Même si, comme dans beaucoup d'histoires, les moments de doutes et d'hésitation entrent en conflit avec les rapprochements ou moments très sensuels. Et que c'est connu, ça peut être agaçant. Mais compte tenu du contexte, du personnage principal qui a fait le deuil de ses 20 ans et du fait que ce sont toujours les femmes qui s'attachent à la différence d'âge, ça passe comme un bon cocktail inoffensif sur le coup dont les effets se font sentir plus tard.

 

C'est bien connu : les hommes ne se posent pas la question de cette différence d'âge qui n'est pas un sujet bien récent. Mais notre corps à l'âge de notre esprit. Et ce concept n'est pas totalement assimilé par Alex.

 

So what est le genre d'histoire intemporelle, qui sait toucher les femmes de 16 à 77 ans en les faisant rire, sourire, glousser et rajeunir face à des situations cocasses et réparties savoureuses.

 

Elle dépoussière les Harlequins et autres romans à l'eau de rose qui n'ont pas la même saveur. Et elle remet au goût du jour, en leur associant des sons plus actuels, ces musiques que seules les lectrices nées il y a 30 ou 40 ans - comme moi, n'ayons pas peur de le dire – connaissent, comme pour parachever l'auto-dérision de l'histoire.

 

« J’avais un peu l’impression d’être Lady Gaga dans A star is born, juste avant de rejoindre Bradley pour chanter tranquillement un petit Shallow devant un stade plein »

 

Ayant 11 ans de plus que Alex, je pourrais être tentée de prendre mon âge pour prétexte à ne plus lire ce genre d'histoire : une lecture fraîche pour une lectrice défraîchie. Mais en littérature, il n'est pas question de style adéquat à une catégorie d'âge. Il y a juste des livres qui nous font nous évader, nous font rêver et nous interpellent sur des sujets sérieux traités sous couvert de romance. Pour nous faire nous sentir bien.

 

Malgré un petit détail qui m'a parfois dérangé, mais dont je ne parlerais pas car insignifiant, So What est pour la lectrice presque quinquagénaire que je suis, un joli coup de ♥.

 

Un coup de se mérite par la qualité de l'écrit et par les émotions qu'il fait naître et même s'il est juste petit, je vous conseille de foncer. Le vent de la liberté féminine assumée souffle sur So What. Préparez vos billets, votre sac de plage et embarquez pour un moment 100% détente et évasion.

 

« Mais tu n’as pas le droit de perdre ton temps à cause d’un abruti qui avait comme décoration de salon une sculpture de molaire plus haute que moi »



20/08/2020
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