Un bonheur imparfait / Colleen HOOVER
En regardant la couverture du dernier livre de Colleen HOOVER, quelque chose d’inexplicable s’est passé en moi. Vous dire quoi, j’en serais incapable. Tel l’océan houleux face auquel se trouve cette femme seule, j’ai ressenti comme un vif chamboulement. Une fois n’est pas coutume, je n’ai pas lu le résumé ; j’ai juste su que je devais avoir, ce coup de cœur visuel, dans ma bibliothèque.
Je pourrais vous dire que je suis une lectrice assidue de cette auteure, ce serait mentir ; je n’ai pas tout lu d’elle et je ne possède pas tous ses livres. Je pourrais vous dire que je ne lis jamais les avis d’autres lectrices sur le net ; ça c’est vrai depuis un certain temps déjà car certains dévoilent toute l’histoire et franchement, c’est insupportable.
Ce que je peux vous dire c’est que j’ai plongé, les yeux fermés, dans cette bouleversante histoire lue d’une traite (à peine 4h car le livre n’est pas un pavé). Je n’ai lu le résumé qu’une fois le livre fermé et il est parfait ! En rajouter, ce ne serait pas lui rendre hommage.
Je vous laisse donc le découvrir car, une fois n’est pas coutume, je ne vais rien vous dire. Juste vous donner mon ressenti sur les personnages et l’histoire de ce roman qui alterne passé et présent et que nous dévoile seule, tout en émotion et en fragilité, Quinn, une jeune femme mariée à Graham, depuis près de 7 ans. Ce choix de l’auteure me semble judicieux et important car toute la solidité et la cohérence de l’histoire en dépend.
C’est l’histoire de deux êtres qui ont connu le temps du bonheur fou, le temps où ils se suffisaient à eux-mêmes, liés par un amour si pur que rien ne pourrait le mettre à l’épreuve, le temps des promesses « de toujours ». Mais le temps n’est que le temps ! Il n’est pas infaillible et peut lui aussi subir les revers de la vie.
« C’était l’époque où il nous suffisait de nous toucher l’un l’autre pour allumer notre désir. Désormais, son contact ne fait que me rappeler tout ce que je ne deviendrai jamais pour lui »
Dans ce roman, CoHo soulève un très beau sujet qui nous concerne tous : le bonheur. Après tout, c’est quoi le bonheur ? Beaucoup l’ont écrit, beaucoup l’ont chanté mais qui peut dire ce qu’est vraiment le bonheur.
Ma définition, à moi, c’est une sensation de bien-être qu’on ressent avec des choses toutes simples : un mot, un regard, un geste, une attention, etc….. Et lorsqu’on le vit à deux, c’est tout simplement aimer l’autre, faire passer son bonheur avant le nôtre, lui apporter tout ce qui pourrait lui faire oublier que le bonheur est fragile et qu’il ne tient qu’à un fil : le fil des sentiments.
Dans « Un bonheur imparfait », la notion du bonheur est parfaitement traité avant/après que le temps a mis notre héroïne à l’épreuve : lorsque les rêves ont fait place aux amères désillusions et que les certitudes ne sont plus qu’un lointain souvenir. Quand le bonheur sincère et grandissant, plein de doux sentiments laisse la place, de manière insidieuse, à un bonheur de façade où la nature des sentiments est une inconnue de taille.
« Les gens ont tendance à croire que c’est définitivement fichu seulement quand il n’y a plus d’amour, quand la colère remplace le bonheur. Quand le mépris étouffe l’euphorie »
Bien sûr, Quinn n’est pas seule dans cette histoire dont le deuxième acteur n’est autre que Graham, son mari. Alors c’est vrai que la première impression est qu’il est acteur très engagé dans l’histoire passée et spectateur plus que passif dans le présent de l’amour en perdition de sa femme. Alors attention, là on parle de la plume de Colleen HOOVER et pour celles qui la connaissent parfaitement, vous devez savoir que rien n’est jamais anodin dans son écriture, rien n’est laissé au hasard. Et ce roman en est la parfaite illustration.
L’auteure a su me toucher en plein cœur avec les parfaites imperfections de Quinn et de Graham. Si leur bonheur est imparfait, eux le sont aussi heureusement.
Lorsque l’un sombre, que reste-t-il comme solution à l’autre : la résignation ou l’action ?
Quinn sombre lentement depuis deux ans dans une obsession qui la tue à petit feu, émotionnellement parlant. La culpabilité est sa meilleure ennemie et elle se renferme de telle manière que s’en est poignant. Elle fait les choses juste parce qu’elles doivent être faites ou par obligation au cas où les miracles existeraient. Je ne suis pas sûre que qui ce soit puisse assurer comprendre cette douleur qui est la sienne tant l’auteure a vraiment travaillé tous les aspects de ce personnage et du mal qui la ronge. Même pas moi qui n’ai jamais eu à me trouver dans cette situation si extrême. D’autant plus, qu’à l’intérieur de son corps et de son âme, les sentiments s’entrechoquent dans une contradiction assez déroutante.
« Jamais il ne comprendra que ce n’est pas lui que je repousse, mais la détresse »
Cette lente descente dans les abimes de la détresse émotionnelle entraîne avec elle, Graham. Alors je peux vous dire que je suis tombée tout de suite sous le charme de ce qu’il représente. Passé, présent ; peu importe. Colleen HOOVER a créé un personnage extraordinaire. Mais attention : je n’ai pas dit qu’il était parfait. Ses qualités sont nombreuses : il est drôle, attentionné, prévenant et surtout très amoureux de sa femme. Son défaut : il ne trouve plus les mots suffisants pour aider Quinn à surmonter cette épreuve qu’ils traversent pourtant tous les deux mais qu’ils n’appréhendent pas de la même manière. La communication est rompue malgré de belles tentatives et de belles attentions qui ne peuvent que séduire les romantiques les plus exigeantes.
Pour être franche, beaucoup d’émotions sont passées à la lecture de ce roman. Et peut-être plus pour Graham que pour Quinn, alors que finalement ils sont tous les deux dans une souffrance, d’intensité inégale certes. Mais souffrance il y a tout de même pour chacun.
« Rien au monde ne me semblerait plus beau que de te rendre mère »
Mon cœur s’est serré à plusieurs reprises, il a repris vie avec des passages drôles ou tendres et les larmes ont beaucoup coulé lorsque j’en étais encore à me demander comment tout ça aller finir. Et c’est là que Colleen HOOVER a brandit sa talentueuse plume, pleine de ressources. Alors tout s’est mis en place et des petits détails relevés précédemment sont apparus comme évidents. L’opposition du passé et du présent, à laquelle j’adhère à 200%, permet de ne pas tomber dans le piège de la lourdeur psychologique et émotionnelle et surtout elle permet de solidifier le fil conducteur de l’histoire ; de leur histoire.
Dans ce combat pour l’amour éternel, pour l’amour avec un grand A où amour rime avec toujours, je me suis retrouvée lectrice impuissante, tant le désarroi est palpable, qui se préparait déjà – avec beaucoup de mal - à ne pas avoir la fin qu’elle attendait. C’est difficilement explicable quand une histoire peut provoquer autant de sentiments contradictoires et difficiles à gérer.
L’amour et le bonheur ne sont pas des sciences exactes ou mathématiques. Il n’y a pas de règle universelle. Chaque bonheur se construit avec ses moyens, ses attentes, sa capacité à vivre pour et avec l’autre en acceptant qu’il ne soit pas parfait de la même manière que nous ne sommes pas parfaites et nul bonheur n’est à l’abri, pour reprendre une idée de CoHo, de rencontrer un ouragan de force 5 (ou plus) qui pourrait le mettre en péril, voire l’anéantir.
Je ne crois pas à la règle des 7 ans qui pour moi n’a aucune légitimité en matière d’amour ou de bonheur. Pourquoi serions-nous moins heureux passé ce cap fatidique ? L’amour et le bonheur sont des denrées que certains ne connaîtront, malheureusement, peut-être jamais mais pour ceux qui ont la chance de les posséder, il n’y a aucune date de péremption.
J’ai la chance de pouvoir dire que, oui, j’ai connu le grand amour et un bonheur sans faille pendant 24 ans. C’est trop court certes mais j’ai quand même eu la chance de le vivre intensément, « jusqu’à ce que la mort nous sépare ». Je n’ai connu aucun ouragan, ni même de petits orages ; le fil de nos âmes n’ayant toujours fait qu’un. Et je suis privilégiée de pouvoir dire que je garde au fond de moi le plus beau et le meilleur de toutes ces années sans avoir connu la douleur d’un amour qui s’étiole lentement pour mourir à jamais.
L’amour et le bonheur sont des biens précieux qui demandent une attention régulière, tel un jardin secret qui a besoin d’être entretenu à sa façon. Un petit mot laissé, un geste anodin qui entretiendra la flamme de la passion, un simple baiser sur le front ou dans le cou qui apportent cette dose d’endorphine propre au bonheur, un effleurement discret de la main comme aux premiers instants et plein d’autres choses propres à chacun dès lors qu’il veut bien entretenir ce qui n’est jamais acquis d’avance. A sa manière, Graham est le jardinier qui ne se résigne pas à voir fâner ce jardin qui a vu pousser et grandir son histoire d'amour.
Pour être honnête, la lecture de cette histoire a été tellement poignante, bouleversante et intense, que je serais incapable de vous dire l’âge des personnages, leurs caractéristiques physiques ou tous ces insignifiants détails relevés habituellement.
Tout ce que j’ai retenu c’est la pureté et la force de leur amour, l’intensité de leurs combats respectifs, la beauté ou la tristesse de leurs mots, de leurs gestes, de leurs sentiments et que ce roman restera à jamais un immense coup de cœur. Ce n’est pas un ouragan de quelque force que ce soit qui m’a dévasté mais bien un séisme émotionnel d’une magnitude que je ne saurais déterminer qui a fait voler mon cœur en éclats le temps d’une lecture.
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